Créée il y a trente ans, la manifestation a réuni dans un premier temps une poignée de propriétaires du légendaire bicycle, accompagnés de leur famille, pour une course qui durait seulement six heures. En 2016, 71 coureurs et coureuses, venus de 32 départements, tournent sur les 3,650 km du circuit bitumé, de jour comme de nuit, soutenus par près de 3 000 spectateurs venus là comme on se rend dans la Sarthe admirer les dieux de la course d'endurance.
Comme pour toute épreuve mécanique, il y a des règles, des normes, des installations, et un speaker, une voix qui renseigne, qui prévient, qui encourage. C'est la même voix depuis trois décennies. Elle appartient à un pharmacien, qui délaisse son officine de Guéret – capitale départementale, 14 000 habitants, 8 pharmacies – pour faire bénéficier de son bel organe tous les participants.
« Nous avons lancé l’affaire en 1986, se souvient-il, avec le Comité des Fêtes auquel j’appartiens, car je suis originaire de Nouziers. Depuis, nous avons grandi, pris de l’importance et de la notoriété, et j’ai suivi. »
Michel Boubet (59 ans), diplômé de la faculté de Clermont-Ferrand, est titulaire de son officine (4 salariés) depuis huit ans, qu’il a reprise à son ancien patron, après vingt-cinq ans de salariat comme assistant.
Son hobby, connu de tous, lui apporte la petite gloire chère à Andy Wharool à laquelle tout humain a droit, lui permettant entre deux patients de s’exprimer sur le mythique Solex. Ajoutée aux articles des gazettes locales, mais aussi parfois nationales, cette notoriété fait de lui un pharmacien atypique mais reconnu, tout en renforçant une image sympathique liée à ces « 24 heures » qui ne se prennent pas au sérieux.
Un galet, et 110 km/h
« Il n’y a plus que deux courses de ce genre en France, dévoile-t-il, la nôtre et celle de Chaumont (Haute Marne), mais auparavant il y avait les mêmes au Mans et à Flavignac (Haute Vienne). Le Solex a presque disparu du paysage, mais sa légende subsiste, et son côté nostalgie années 1960 est toujours vivace. Ceux qui courent aujourd’hui n’ont plus tout à fait son apparence – sauf qu’ils doivent avoir toujours 49,9 cm3 de cylindrée, et une roue entraînée par galet – ressemblant plus à des motos qu’à des vélos. Il y a cinq catégories définies, allant du Solex lambda au super proto. Certains roulent jusqu’à 110 km/h, et les difficultés réelles du circuit les bousculent quelque peu. Tout est comme au Mans « classique », départ, ravitaillement, stands, techniciens, mais à l’échelle de l’engin, avec trois pilotes, et un meccano. Et, bien entendu, le speaker qui égrène les pubs, indique l’état et l’avancée de la course, fait un peu verbalement la police, bref fait le job. »
Un job que le pharmacien Guéretois tient à la perfection, connaissant sur le bout de doigts son terrain et son petit monde. Entouré des 250 bénévoles qui aident, organisent, assistent et nourrissent, les coureurs, les accompagnants et le public, il vit ce tour de cadran non-stop avec passion et dévouement.
« Épreuve mineure peut être, reconnaît-il, mais tout aussi agitée que les vraies grandes « 24 heures ». Il y a des sponsors, des prototypes, des droits d’inscription, mais pour un simple Solex de base, un budget de mille euros suffit. Je me suis engagé dans cette affaire par amitié, par esprit associatif, et maintenant je ne m’en sépare pas. Cela me demande un peu de préparation – j’observe sur Internet ce que font mes « confrères » dans d’autres courses auto ou autres – et j’essaie de tenir modestement mon rang. Un peu comme un journaliste sportif, toutes proportions gardées, et comme cela ne peut nuire aucunement, bien au contraire, au fonctionnement de mon officine, je persiste et je signe. Ou plutôt, je parle, pour la gloire des Solex, tant qu’il y en aura en état de rouler. »
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