La douzaine d'enfants qui courent, sautent, envoient le ballon, ne sont pas bruyants, juste appliqués. Dans la salle des sports de Beauchamps (Somme), les jeunes basketteurs s'entraînent sous l'œil de quelques parents, de l'entraîneur, d'un bénévole venu l'aider, et de Gérard Branlant, le président de l'Union sportive Beauchamps Basket-ball (USB). Le président est fier d'annoncer les effectifs, garçons et filles, de tout-petits, de poussins, benjamins, minimes, cadets, juniors, seniors, et même vétérans du club : cent quarante licenciés, alors que le village compte mille habitants. Tous ne vivent pas à Beauchamps, mais ils y viennent.
Gérard Branlant est pharmacien à Friville-Escarbotin, il l'était auparavant à Beauchamps, une dizaine de kilomètres plus au sud, dans la vallée de la Bresle. Tout le pays est complémentaire. Friville-Escarbotin est la capitale du Vimeu industriel, où sont produits l'essentiel des robinets et des serrures de France. Quant à la vallée de la Bresle, elle est le lieu de production de la verrerie de luxe. Mais Beauchamps doit aussi à l'agriculture, et tout le Vimeu et la Normandie voisine étaient terres de culture. Une sucrerie a été construite à Beauchamps, en 1863, pour transformer les betteraves en sucre et en alcool. La sucrerie a fermé en 1999, expédiant ses cent salariés, et autant de saisonniers, vers d'autres sites, ou vers le chômage.
« Le club de basket a été créé par la sucrerie après la guerre, et il reste la propriété des Beauchampois », assure Gérard Branlant. Lui a joué au hand-ball, au collège, puis au lycée d'Abbeville, où vivaient ses parents. Mais les trois enfants du pharmacien de Beauchamps, nés dans le village, ont joué au basket, et leur père les a suivis comme bénévole, puis au comité, puis comme président, et l'est resté même après avoir quitté le village.
Le village gaulois du basket
L'équipement étonne dans un village de 1 000 habitants : la salle ne sert qu'au sport, au basket, et au tennis. C'était un terrain, qui a été couvert par un toit, puis fermé par des murs, « pour que la salle soit homologable. Nous amenons les enfants à la compétition pour soutenir leur intérêt, mais sommes vigilants à ce qu'ils continuent à s'amuser ». Tous les sports fédéraux amènent à la compétition, mais Beauchamps doit rivaliser de dynamisme pour ce faire.
« Nous sommes le village gaulois du basket, affirme Gérard Branlant. Nous sommes excentrés, loin de tout, à l'extrême sud-ouest de la Picardie, a fortiori des Hauts-de-France, et dans la région, on joue au foot ou au hand. Le basket est une anomalie, même s'il existe quelques très grands clubs. Le moindre déplacement est à 30 km, les plus grands à plus d'une heure, voire plus s'il faut aller à Lille ou dans le nord de l'Aisne, par exemple pour notre équipe première qui joue en régional. »
C'est tout le rôle du comité et de son président. Attirer et accueillir d'autres clubs, d'abord réticents à venir à ce bout du monde. Trouver des parents pour emmener les joueurs, organiser un tournoi, une soirée, un réveillon, pour remplir les caisses du club. Le club a recruté un entraîneur, un enfant de Beauchamps, les précédents partaient trop vite. Arnaud travaille vingt heures par mois pour le club, en attendant d'achever sa formation, le reste à la pharmacie de Friville ! Lorsqu'il sera devenu entraîneur diplômé, il devrait être recruté à plein temps, et le club veut engager des animations en milieu scolaire, écoles, collèges.
« Chacun participe à sa façon : quand on parle de Beauchamps, on parle de basket, il y a ici un esprit club de petit village. C'est ce qui me plaît, assure Gérard Branlant. La mairie nous soutient à 200 %, et on ne pourrait pas faire autrement. Mais les gamins sont bien mieux à jouer ici que devant une télé ou un jeu vidéo, alors les petits désagréments des dirigeants, c'est accessoire, poursuit le confrère. Je ne viens plus à Beauchamps que pour le basket et pour le club, ou voir des amis. Mais c'est à Beauchamps que je viens écouter les vœux du maire ! »
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