Portrait

Gabriel Primetens met la jungle en vitrine

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Publié le 28/01/2016
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Il est tombé dans le bain de la botanique et de l’entomologie. Dès l’âge de cinq ans, Gabriel Primetens parcourait la planète avec des parents photographes qui, tout naturellement, lui insufflèrent leur passion pour les insectes et pour les plantes mais aussi pour les voyages - nous dirions plutôt les expéditions - en Afrique (Sénégal, Kenya, Sierra Leone, Comores, etc.), en Asie (Sri Lanka, Thaïlande, Malaisie, etc.), aux Caraïbes, en Amérique Latine…
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Crédit photo : dr

Installé en Bourgogne, Gabriel Primetens conjugue ses activités professionnelles avec ses passions

Installé en Bourgogne, Gabriel Primetens conjugue ses activités professionnelles avec ses passions
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L’amour de Gabriel Primetens pour l’« histoire naturelle », celle que l’on ne prend plus véritablement la peine d’apprendre aux écoliers promis aux tablettes et à la numérisation, lui valut d’opter presque naturellement pour des études de pharmacie. Las : il y avait loin de sa chambre d’étudiant, près de la faculté de Marseille, aux tropiques qui le hantaient.

« Je me suis dès lors appliqué à rendre mon univers plus luxuriant et propice au voyage " immobile " à petite échelle : celle d’un paludarium, un terrarium semi-aquatique », confie-t-il.

Pas à pas, il a expérimenté des techniques de culture d’épiphytes, de mousses et de végétaux aquatiques, inspiré par les créations du designer japonais Amano Takashi (1954-2015), concepteur d’aquariums mettant l’esthétique au premier plan - il reste l’un des théoriciens de ce qui constitue désormais l’aquascaping -.

Harmonie des formes et des couleurs, aménagement sculptural de l’espace : Gabriel a peu à peu appliqué les principes du maître nippon - et les siens propres, enrichis par son acquis universitaire en botanique et en chimie - à de mini-univers alors novateurs car terrestres : ceux des terrariums tropicaux humides.

Des perspectives invitant au mystère

« L’important est avant tout de savoir jouer sur la notion de massif, de miser sur les asymétries, sur l’imparité, sur les lignes de fuite, et de créer des perspectives invitant au mystère » : il a décliné des choix novateurs en sélectionnant des végétaux de taille réduite pour ne pas écraser le paysage ; les difficultés ne furent pas minces car les « micro-plantes » idéales ne se trouvent pas aisément et requièrent quelques secrets de culture. Gabriel est ainsi devenu à son tour un maître du… terrascaping. Le secret de ses jungles, de ses falaises, de ses montagnes et de ses cascades miniatures, il les a livrés dans un ouvrage de référence*.

Après un bref passage dans l’industrie, le « paysagiste d’intérieur » s’est installé en Bourgogne, y ouvrant son officine en 2013 : l’idée était de renouer avec la nature dans cette région qu’il connaît bien pour être le berceau de sa famille. C’est là qu’il conjugue désormais ses activités professionnelles avec ses passions. Toutes ses passions.

Musicien, il est un guitariste accompli. Entomologiste, loin de se limiter à l’étude des coléoptères (notamment celle des Curculionidés - les « charançons » avec leur « museau » caractéristique sous la binoculaire -), il renouvelle le regard que l’on porte sur ce « microcosmos », grâce à un minutieux travail photographique nécessitant un soufflet et de vieux objectifs de microscopes qui lui offrent une profondeur de champ inégalée (technique numérique de l’hyper-focus).

Surtout, approfondissant ses observations botaniques, il travaille actuellement à un livre traitant d’une technique de microculture végétale singulière qu’il développe depuis quelques années : de nouveaux univers « de poche » en perspective !

* Primetens G. (2014), « Créer un terrarium tropical humide », éd. Ulmer, 192 pages.
Nicolas Tourneur

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3235