Fabrice Véron est de ces pharmaciens orientés « nouveaux métiers ». Entendez de ces titulaires désireux de se rendre acteurs dans le parcours de soins du patient, et ce en jouant de l’interprofessionnalité.
Depuis près de trois ans, Fabrice Véron et un noyau dur de confrères, pharmaciens titulaires ou adjoints, développent la pharmacie clinique d’officine. Leur but est de fonder, sur la base de l’association Epco créée en 2014, une société savante. Avec tout ce que cela comporte. Le premier congrès devrait se tenir au deuxième semestre 2017 et une publication qui intéresse déjà plusieurs éditeurs spécialisés devrait voir le jour prochainement.
Un vide sidéral
Epco a jeté les premiers jalons du site de l’association en publiant les interventions de ses fondateurs à différents congrès (1), dans le souci constant de diffuser à l’officine les connaissances en pharmacie clinique applicables au comptoir. Ce site (2) compte à ce jour plus de 50 communications (3), 4 000 visiteurs et 15 000 pages lues ; Fabrice Véron y voit la preuve - et la satisfaction - d’un besoin pour les officinaux.
Il a également le plaisir de combler ce qu’il nomme un « grand vide sidéral ». Celui qu’il a lui-même rencontré quand il est revenu à l’officine, il y a huit ans. « Cela m’a vraiment choqué de voir qu’il n’y avait rien pour les titulaires en dehors du discours sur les négos et de celui de l’Ordre sur la déontologie », reconnaît-il. Et d’avouer « il n’y avait aucune société savante qui me faisait vibrer ».
Soins de support
Ce constat est d’autant plus amer que le jeune titulaire estime que le pharmacien d’officine a d’énormes taches à accomplir. Et un retard à combler. Car le retour de Fabrice Véron à l’officine s’est accompagné d’un grand décalage avec l’image de la profession telle qu’il l’avait quittée, jeune diplômé, pour un laboratoire marseillais : « Entre-temps, la relation s’était dégradée avec les patients, parasitée par les prix, et le pharmacien subissait une pression croissante des laboratoires. » Fabrice Véron découvre l’urgence d’agir sur le métier officinal. « Dans une crise, on remet en cause un système qui ronronne », décrit aujourd’hui ce quadragénaire.
Le titulaire du Rouret ne se contente pas de publier des articles sur les entretiens AVK, il développe successivement des conseils pour la prévention des thromboses pour les patients sous traitement oncologique. L’oncologie constitue en effet le cœur des thématiques abordées par Fabrice Véron et ses confrères d’Epco. « Nous proposons une approche des soins de support en oncologie, cela répond aux besoins des patients, ballottés entre leur pharmacien et les services oncologiques », explique Fabrice Véron.
Rencontres
Mais les champs des interventions de la pharmacie clinique ne demandent qu’à s’élargir : en diabétologie, en rhumatologie, en gériatrie, en pneumologie ou encore en iatrogénie. « Là où le pharmacien peut améliorer, là où les innovations amènent de nouvelles formes d’organisation, où le pharmacien peut apporter son savoir, et améliorer le parcours de soins grâce à l’interprofessionnalité », énumère le fondateur d’Epco.
À propos d’interprofessionnalité, le parcours de Fabrice Véron est jonché de rencontres. Il a celle, déterminante, avec Jérôme Sicard qui l’entraîne dans son sillage à l’Apco (American society of clinical oncology), le congrès mondial du cancer, à Chicago, et lui inocule de manière irréversible le virus de la pharmacie clinique.
Puis il y a les réunions avec les médecins, les kinés et les infirmières, avec lesquels il mène régulièrement, entre Nice et Grasse, des séances sur le pied du diabétique, sur le fonctionnement de la pompe à morphine… « J’ai toujours adoré travailler avec le corps médical », reconnaît celui qui nomme les quatre professionnels de santé autour du patient du joli titre de « quatuor ».
Dans votre bibliothèque
« Deux par deux »
« Notre Santé est en jeu »
Quelles solutions face au déclin du système de santé ?
Dans votre bibliothèque
« Le Bureau des affaires occultes », ou les débuts de la police scientifique
USA : frites, bière, donuts gratuits… contre vaccin