Le 7 juin 2014, Éric Milleret, pharmacien à Auch, met fin à une grève de la faim de 19 jours. Elle lui a coûté 6 kg, mais offert une tribune médiatique et le soutien de 2 000 patients signataires d’une pétition en sa faveur. En cause, plusieurs rejets par l’ARS de sa demande de transfert, suite à l’avis défavorable du Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens.
Mais comme le monde de la pharmacie a horreur des esclandres, la situation finit par s’apaiser. Émissaires discrets, rencontres informelles… et, en décembre 2014, le transfert est autorisé. Officiellement, il est rendu possible par le transfert d’une autre officine qui a rééquilibré la zone de chalandise.
Un an plus tard, Éric Milleret et son associée, Hélène Guinaudy, sont installés dans leur nouvelle officine de l’avenue de l’Yser à Auch : « Je suis sans rancune, heureux d’être là et toujours animé par la même passion », indique l’ex-gréviste de la faim. Une passion née du hasard. « Je me suis inscrit en fac de pharmacie pour suivre un copain, se souvient-il. Je ne savais rien de ce métier. Mais plus j’ai avancé dans le cursus, plus ma passion a grandi. »
Après des années d’assistanat, il reprend sa première officine à Puycasquier, dans le Gers. Il y restera 13 ans. Puis, il s’installe à Gimont, toujours dans son Gers natal. En 2010, il arrive à Auch et s’associe avec Hélène Guinaudy dans une officine minuscule (60 m²), vétuste et économiquement mal en point.
Dès le début, leur objectif est le transfert. Mais les premiers refus fragilisent l’entreprise ; le personnel est mis en chômage technique pour six mois, jusqu’au passage sous la bannière Lafayette : « C’était la seule solution pour sauver l’officine, explique Éric Milleret. Pourtant, comme beaucoup de pharmaciens ignorants, je n’aimais pas cette enseigne. Mais quand je l’ai découverte, je me suis dit que la profession ferait bien de s’en inspirer. Ils m’ont permis de progresser, de ramener sur Auch une clientèle qui partait à Toulouse, grâce à des prix, mais aussi une offre variée, qualitative et du service ! »
Dans sa nouvelle officine de 300 m² qui jouxte un magasin Optique Lafayette, Éric Milleret développe le concept avec une équipe passée de 5 à 7 personnes (dont 3 pharmaciens). Outre le confort d’achat (allées spacieuses, vaste parking, accès handicapés…) il propose de larges assortiments en OTC, parapharmacie, matériel médical, compléments alimentaires, produits sans gluten, phytothérapie, aromathérapie, diététique…
Le vrai généraliste, c’est le pharmacien !
« Ces domaines souvent abandonnés par les officines, sont pourtant une voie d’avenir pour la profession, souligne-t-il. Le médecin généraliste est le spécialiste de l’allopathie remboursable. Le vrai généraliste, c’est le pharmacien, capable de proposer des préconisations dans tous les domaines. C’est comme cela qu’il retrouvera l’importance et le savoir-faire de l’apothicaire d’autrefois. La profession peut changer, le pharmacien devenir un thérapeute, aller vers du coaching (conseil) personnalisé en huiles essentielles, en minceur… proposer des consultations qui pourraient faire l’objet d’accords avec les mutuelles… » Pour nourrir ces compétences, Éric Milleret met en place un important programme de formation (deux par semaine) pour son équipe.
Il entend aussi « réimposer le rôle du pharmacien » par l’utilisation systématique du DP : « Nous demandons la carte Vitale pour tout achat d’OTC. C’est la voie à suivre si l’on ne veut pas que notre métier se laisse désorganiser par la grande distribution. »
De sa grève de la faim, il confie : « J’en ai tiré beaucoup de forces pour le cœur et l’esprit, une envie d’avancer encore renforcée ; et de la bonne humeur ! Bref, je suis un pharmacien épanoui. »
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