Emmanuelle Falet a hérité d'une longue histoire. L'orchestre d'harmonie de Lisieux-Pays d'Auge qu'elle préside a été créé en 1791 par les frères des écoles chrétiennes, deux ans après la Révolution française. Les frères ayant été expulsés, la pratique du chant, scolaire à l'époque, disparaît à Lisieux. Elle sera relancée en 1830 par François Guizot (1787-1874), député de Lisieux pendant dix-huit ans, futur ministre de l'Instruction publique, dernier président du Conseil (Premier ministre) de la Monarchie de Juillet, renversée par la Révolution de 1848. La pharmacienne de Lisieux, musicienne mais aussi passionnée d'histoire, n'est pas peu fière d'un tel héritage.
Elle n'était pas destinée à cela pourtant, n'ayant fait qu'un peu de solfège à l'école, et un peu de piano. Elle a renoué avec la musique étant adulte, en emmenant ses propres enfants à l'école de musique. Sa deuxième fille joue du piano et du basson, sa troisième du cor alto. « Mais la pratique d'orchestre m'a plu, et j'ai démarré. »
Emmanuelle Falet appartient même à deux formations, l'orchestre pour adultes du conservatoire de la ville, et donc l'harmonie (« qui n'est pas une fanfare », précise-t-elle) qu'elle préside. L'harmonie est composée d'instruments à vent, accompagnés parfois d'une harpe, ou d'une contrebasse. Emmanuelle Falet joue du saxophone.
La formation comprend quarante-cinq musiciens, et interprète aussi bien la Flûte enchantée, de Mozart, du Rossini ou… Stars War et La Liste de Schindler, des musiques de film.
Evasion
L'harmonie lexovienne se produit au théâtre de la ville et effectue des déplacements dans la région de Caen. « Cette année, nous étions invités à interpréter le quatrième mouvement de la Marche funèbre de Berlioz au Festival de Pâques de Deauville. Nous étions répartis dans les balcons, chacun avec une lampe frontale pour lire notre partition, dans l'obscurité du Centre international de Deauville, en direct sur France Musique », témoigne Emmanuelle Falet.
« J'aime la pratique de la musique, dit-elle, qui me permet de m'évader de mon travail. Il est indispensable d'avoir une vie, à côté de son métier. » Notre consœur a déjà sept ans de formation de saxo, et continue d'apprendre. « Il faudrait jouer au moins trois quarts d'heure par jour, mais je n'arrive même pas à jouer tous les jours, regrette-t-elle. Le saxo est un instrument assez facile pour démarrer, mais il ne me correspond pas le mieux. J'aurais préféré le violoncelle, mais l'apprentissage d'un instrument à cordes est très dur pour un adulte, et puis il y avait besoin d'un saxo… »
Elle ne sait pas dire non
Elle est devenue la première femme présidente de la plus ancienne association de Lisieux, parce qu'elle « a toujours fait partie d'une association, et [qu'elle] ne sait pas dire non à une association ».
Dans cette harmonie ne jouent que des amateurs, le plus jeune des musiciens est en classe de quatrième : « C'est très mélangé. » La présidente s'astreint à aller à chaque répétition, tous les vendredis soir. « Même fatiguée, ça me vide la tête. Et l'ambiance est très bonne. On reste manger ensemble à la dernière répétition, ça crée des liens entre nous. »
L'harmonie de Lisieux-Pays d'Auge accompagne toutes les commémorations patriotiques de la ville. « Je crois utile ce devoir de mémoire, et les anciens combattants sont très touchés de voir leur pharmacienne jouer la Marseillaise. » La ville de Lisieux et le Pays d'Auge comptent de nombreuses associations musicales, des festivals de jazz, des promenades musicales. « Il y a de la musique tout le temps ici, des orchestres très développés, et même des pratiques musicales dans les entreprises, relève Emmanuelle Falet. Les patients parlent beaucoup de musique à la pharmacie, il y en a même un qui s'était proposé pour aider à l'organisation quand il avait appris que nous jouions à Deauville. »
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