Du comptoir au Comptoir. Charles Romier, 30 ans, avoue que ses patients lui manquent. Mais sa volonté entrepreneuriale a eu le dessus sur son désir d'installation. Après ses études de pharmacie, il multiplie les expériences en tant qu'adjoint pour découvrir les différents types d'officine. Puis ce Savoyard déménage à Toulouse et commence à se pencher sur le rachat d'une officine. Mais il reste obsédé par un problème commun à toutes les pharmacies dans lesquelles il a travaillé : des produits qui se périment et finissent à la poubelle, d'autres sans rotation qui plombent les comptes, des conditions déraisonnables imposées par les partenaires de la pharmacie en termes de prix/volume.
De là germe l'idée de mettre les pharmaciens en relation pour qu'ils puissent échanger leurs produits. « On commence à 4 copains, on se retrouve vite à 25, mais ce n'était pas satisfaisant. C'est alors que je fais une belle rencontre, le premier ami toulousain, Ivan Mittler, tout juste diplômé de la Toulouse Business School (TBS). On discute de ce projet, et pendant que je m'arrachais les cheveux sur la partie réglementaire, il m'a demandé l'étude de marché, le business plan… que je n'avais pas. »
Le binôme se complète parfaitement et le projet prend forme. Il participe à un concours de la TBS et est sélectionné pour intégrer son incubateur TBSeeds. La start-up voit le jour, elle bénéficie des locaux de l'incubateur, de cours en fonction des besoins de développement, et d'avocats spécialisés en pharmacie qui vérifient la faisabilité du projet au niveau légal. « Le Comptoir des Pharmacies est né, une véritable plateforme de déstockage pharmaceutique en ligne qui s'appuie sur la loi de modernisation de l'économie de 2008. Le site a été officiellement lancé le 25 janvier 2016. Après 9 mois d'existence nous comptons plus de 800 pharmaciens clients, nous venons de signer un contrat avec un groupement de pharmaciens et nous sommes en cours de signature avec un grossiste-répartiteur de premier plan. »
Pierre à l'édifice
L'équipe est constituée de deux développeurs et d'un troisième associé arrivé récemment, Charles Beck, qui a la double casquette de docteur en pharmacie et d'ingénieur des Mines. En deux mois et demi, le montant des transactions sur la plateforme a dépassé les 100 000 euros. Pour stabiliser ces performances, Charles Romier estime que Le Comptoir des Pharmacies doit compter entre 3 000 et 5 000 pharmaciens clients à court terme. « On a reçu le témoignage de deux titulaires en redressement judiciaire qui ont évité le pire parce qu'ils ont retrouvé 20 000 euros de liquidité via la plateforme. Notre but c'est d'aider à ce que la pharmacie d'officine soit viable, forte de son maillage, face aux attaques de la GMS. Je veux que ma mère, vous, moi, que tout le monde ait accès à son traitement sans avoir à faire 20 km. Avec nos modestes moyens, on apporte une pierre à l'édifice pour construire la pharmacie de demain », sourit le trentenaire.
Il n'est pas seul à y croire. Le 17 octobre dernier, il apprend avoir remporté, avec 14 autres lauréats (sur 3 300 participants), le concours de start-up Graines de Boss. « Il a fallu préparer notre tout premier pitch. Équipé d'un micro, face à la caméra, j'ai perdu trois litres, je ne savais plus comment je m'appelais… et le jury nous a sélectionnés à l'unanimité. Le prix nous sera remis en mai 2017 à Matignon ou à l'Élysée ! »
Dans votre bibliothèque
« Deux par deux »
« Notre Santé est en jeu »
Quelles solutions face au déclin du système de santé ?
Dans votre bibliothèque
« Le Bureau des affaires occultes », ou les débuts de la police scientifique
USA : frites, bière, donuts gratuits… contre vaccin