Course des Allumés, Frappadingue, Charrette du diable, fricadelles, bière (à l’occasion) : on est dans « ch’Nord ». Ces noms évoquent des épreuves sportives, leurs prix, et un gros cœur, de la générosité, et l’amitié en sus. Quand on demande ce qui fait courir Catherine Moreau, pharmacienne à Gommegnies (Nord), la réponse fuse : « J’ai les jambes, j’ai l’énergie, on ne pose pas de question, on met les baskets, on y va ! »
Car la titulaire est aussi « allumée » que généreuse : elle s’engage sur un coup de tête au Marathon de Paris, ou elle monte une équipe pour faire connaître Louanne, une petite handicapée de 4 ans, et parcourra Paris-Gommegnies pour Augustin, un autre enfant handicapé. Ce sera dans le cadre du prochain Téléthon, elle à pied, son mari à vélo.
« J’ai toujours été sportive, dit-elle. Dès 6 ans, j’étais championne régionale du 100 mètres nage libre. » Avec son équipe de Valenciennes, elle remporte les premiers championnats de France féminins de water-polo : « Les garçons m’avaient appris les coups foireux qu’on donne toujours sous l’eau ! » Suivront la course à pied, « un pari avec ma sœur », le step, l’aérobic, le modern jazz. Quand sa fille commence le basket, elle court sur le stade voisin, plutôt que d’attendre sur un banc. Elle continuera la course, seule, puis forme une petite équipe informelle, les Foldinguettes : avec une banquière, une de ses préparatrices, une voisine et une étudiante amie de sa fille.
Elle court son premier Marathon de Paris en 2015, à 49 ans. « J’avais vu en 2014 à la télé les Kenyans partir. J’ai dit : l’an prochain, je le fais. » Elle avait un passé sportif, une bonne écoute de son corps, l’habitude de soigner la moindre blessure, des 20 km, des 28 km, des 10 km, six à sept courses par an. En avril, elle s’aligne au départ avec une amie, et deux promesses : finir ensemble, et ne pas parler (un exploit !) avant le kilomètre 20.
« On était 54 000 engagés, plus de 40 000 au départ sur les Champs-Élysées, vingt-cinq nationalités. J’avais dix semaines de préparation avec mon amie banquière, quatre sorties par semaine. On a fini à deux, en 5 heures 15 minutes, c’est pas mal. Je voulais aussi avoir l’envie de recommencer : c’est le cas. » Catherine Moreau a l’esprit sportif, carré, soigne son entraînement. Mais elle veut aussi « un peu de folie ». Passé le fameux kilomètre 20, elle n’a plus cessé de parler, de se dire « ch’ti », d’encourager les plus jeunes, de parler avec les spectateurs. « Le prochain Marathon, je le partagerai. Je ferai monter des jeunes. »
Son école, dit-elle, c’est « rendre service ». Une amie de sport de sa fille est la tante d’une petite Louanne, un enfant IMC. Catherine Moreau fonce : « On floque "Pour Louanne" sur les maillots. On donne notre énergie, notre sourire. Et Louanne était à l’arrivée, avec nous. » Les Foldinguettes courraient ce jour-là la Frappadingue, au Quesnoy (Nord), une sorte de course où l’on passe des obstacles pleins de boue, on se faufile dans des tuyaux, on saute sans savoir où on tombe. On court en équipe, avec les Foldinguettes.
Pour Augustin, Paris-Gommegnies se courra en deux étapes, via Saint-Quentin (Aisne). « Pour Louanne, j’avais dit aux filles : on a nos jambes, pas Louanne, notre énergie, on le fait ! C’est une philosophie, affirme Catherine Moreau. C’est même un gène qu’ont les femmes, qui pensent qu’il y a toujours pire que leur sort. J’ai du plaisir à faire se rencontrer des gens qui n’ont rien à voir entre eux. Aux Foldinguettes, nous étions cinq, nous sommes maintenant quatorze pour s’amuser, sourire, faire du sport. »
La cinquantaine approchant, Catherine Moreau n’a pas la moindre velléité de raccrocher les baskets. « En plus, j’ai une équipe qui me soutient. Mon assistante prend le relais quand je m’absente. Pour le Marathon, les préparatrices avaient punaisé les articles de presse dans la pharmacie, et le mardi tout Gommegnies venait me voir. Ici, c’est familial, tout le monde se tutoie. »
« Je suis suivie par un médecin du sport, je fais des préparations et des bilans cardio, je suis un traitement homéopathique à la lettre, un régime alimentaire, je prends des antioxydants contre le risque de crampes, mais j’ai une addiction : je ne pourrai pas me passer du sport ! » Ni de donner son sourire.
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