La sauge officinale (Salvia officinalis) est un sous-arbrisseau d’une trentaine de cm, commun du bassin méditerranéen qui porte des feuilles duveteuses et vert blanchâtre. Ses fleurs disposées en verticilles avec une corolle en deux lèvres sont d’un bleu violet clair. La sauge sclarée (S. sclarea) aux grandes feuilles larges et ovales possède une superbe inflorescence, grande d’un mètre de hauteur en panicule avec des fleurs à la corolle lilas pâle, disposées en verticilles avec deux bractées membraneuses. La sauge originaire d’Espagne (S. lavanduliflora) est plus petite (30 cm) et porte des inflorescences pourvues de fleurs moins abondantes à la corolle violet pâle. Elles sont toutes aromatiques.
Emménagogue, diurétique, tonique et hémostatique
La sauge est « la plante qui soigne » comme l’indique son nom latin salvare. Il y 2 000 ans en médecine grecque, elle était réputée emménagogue, diurétique, tonique et hémostatique mais l’espèce évoquée par les Anciens serait Salvia fruticosa, abondante en Grèce. Au Moyen-Âge, selon la médecine arabo-persane, le vin de sauge régulait « la rétention des menstrues » ainsi que les douleurs des reins et de la vessie. Au XIXe siècle, Cazin décrit son action antitranspirante et antispasmodique et au XXe siècle, Leclerc précise que la sauge excelle dans la régulation de cycle menstruel de la femme, soulage les désordres de la ménopause et arrête les montées de lait lors du sevrage. Il ajoute qu’en bain de bouche, elle est utile dans les gingivites, les aphtes et l’inflammation des amygdales.
Les feuilles sont récoltées en début de floraison. Celles de la sauge officinale renferment une huile essentielle riche en thuyone, en camphre et en humulène, des acides-alcools (acide rosmarinique), des diterpènes (carnosol et rosmanol), des triterpènes (acide ursolique) et des flavonoïdes. La sauge d’Espagne contient une huile essentielle riche en camphre et en cinéole ainsi que de l’acide rosmarinique et de la lutéoline. Quant à la sauge sclarée, son huile essentielle est riche en acétate de linalyle, en linalol, en acide rosmarinique et en sclarol.
Les effets antispasmodiques d’extrait hydroalcoolique et d’eau saturée en huile essentielle ont été bien démontrés sur l’iléon isolé de rat ou de cobaye. L’action antitranspirante a également été vérifiée chez l’homme et l’infusion de sauge réduit de 50 % la sudation excessive.
Les effets antimicrobiens ont été démontrés : des extraits de feuilles neutralisent Porphyromona gingivalis impliqué dans les gingivites car il dégrade le collagène et les diterpènes inhibent le virus de la stomatite vésiculaire.
Une huile essentielle bactéricide et antifongique
L’huile essentielle est bactéricide et antifongique in vitro, notamment vis-à-vis de Candida albicans et d’Aspergillus flavus. Les acides rosmarinique et ursolique sont anti-inflammatoires, le carnosol et le rosmanol sont antioxydants.
Par son action antispasmodique, elle est indiquée dans les troubles digestifs et par son effet antitranspirant dans les sudations excessives et les bouffées de chaleur. La sauge soulage et traite les affections buccales.
L’huile essentielle (HE) des trois espèces est disponible. Celle de la sauge sclarée ne renferme pas de thuyone et est indiquée dans les douleurs abdominales, les troubles de la ménopause, l’anxiété, l’acné et les mycoses cutanées ; elle est inscrite à la Pharmacopée européenne. L’HE de sauge officinale est indiquée dans les affections broncho-pulmonaires et celle de la sauge d’Espagne dans le symptôme grippal et la névralgie. Les HE de sauges sont contre-indiquées chez la femme enceinte ou ayant souffert de cancers hormonaux dépendants.
Du bon usage des plantes qui soignent (2022) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 413 p Se soigner par l’aromathérapie (2022) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 31 p www.ethnopharmacologia.org
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