Histoire de plante

Le thym, anti-infectieux de la saison froide

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Publié le 09/02/2023
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Thymus zygis L.

Thymus zygis L.
Crédit photo : J. Fleurentin

Le thym est un sous-arbrisseau vivace de 20 à 30 cm de hauteur, bien connu de nos garrigues du bassin méditerranéen. En effleurant simplement la plante de la main, l’agréable odeur aromatique de l’huile essentielle les imprègne. Les tiges dressées portent de très petites feuilles vert foncé sur le dessus et vert blanchâtre sur le dessous avec, à leurs extrémités de petites fleurs groupées de couleur rose ou blanche. Deux espèces sont médicinales, Thymus vulgaris L. et Thymus zygis L. (Lamiacées).

Le thym était bien connu de la médecine arabo-persane ; Ibn al Baytar rapporte au XIIIe siècle qu’il soulage les maux de gorge et d’intestin, qu’il purifie le foie et l’estomac et fortifie les reins. Au XXe siècle, Fournier le considère comme stomachique, stimulant, utile aux affections bronchiques chroniques, antispasmodique et emménagogue.

L’huile essentielle est recommandée par Valnet dans tous types d’infections : bronchopulmonaire, intestinale, urinaire et dans les maux de gorge.

En phytothérapie, on récolte les feuilles et les fleurs débarrassées des tiges et en aromathérapie ce sont les parties aériennes fleuries et les feuilles qui fourniront une huile essentielle par distillation.

Une composition qui varie selon le biotope

Le thym renferme une huile essentielle composée de thymol, de carvacrol, de thujanol, r-cymène, de g-terpinène et de ß-caryophyllène ainsi que des acides phénols (acides rosmarinique et caféique), des flavonoïdes (apigénine, taxifoline) et des triterpènes (acide ursolique).

La composition chimique de cette huile essentielle varie beaucoup en fonction du biotope, de telle sorte qu’en aromathérapie on précisera le chémotype, c’est-à-dire la molécule la plus abondante : thym ct thymol, thym ct linalol, thym ct thujanol.

Les extraits de thym sont actifs vis-à-vis de bactéries et des virus impliqués dans les infections bronchopulmonaires hivernales. Un extrait hydroalcoolique montre une action antitussive chez l’homme et l’huile essentielle est fluidifiante et expectorante par action sur les mouvements ciliaires des bronches. Les flavonoïdes et le carvacrol sont antispasmodiques sur intestin isolé.

Une huile essentielle efficace dans 92 % des infections

L’huile essentielle de thym ct thymol est un puissant antimicrobien efficace dans 92 % des infections respiratoires, intestinales et urinaires. Elle est également antivirale et antifongique.

Les composés phénoliques (thymol, carvacrol) sont antioxydants. L’acide rosmarinique et l’extrait hydroalcoolique sont anti-inflammatoires vis-à-vis de l’œdème de la patte de rat induit par la carragénine.

L’huile essentielle est active contre les oxyures et les vers intestinaux.

En phytothérapie, on conseillera le thym par voie orale dans la toux, les pathologies hivernales et dans les troubles digestifs comme les éructations et les ballonnements. En application locale, on l’indiquera pour soigner les petites plaies et en gargarisme contre les maux de gorge.

L’huile essentielle de thym ct thymol est réservée aux infections ORL, intestinale et urinaire. Celle du thym ct linalol est indiquée dans les infections microbiennes, les parasitoses et contre la fatigue. On emploiera celle du thym ct thujanol dans les infections des voies respiratoires et gynécologiques.

 

Du bon usage des plantes qui soignent (2022) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 380 p
www.ethnopharmacologia.org
Du bon usage de l’aromathérapie (2019) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 206 p.
Se soigner avec l’aromathérapie (2022) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 112 p.

Jacques Fleurentin
En complément

Source : Le Quotidien du Pharmacien