Histoire de plante

Le muguet du Japon, ou barbe de serpent

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Publié le 31/10/2024
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Ophiopogon japonicus, muguet du Japon

Ophiopogon japonicus, muguet du Japon
Crédit photo : J. Fleurentin

Le muguet du Japon, Ophiopogon japonicus (Thunb.) Ker Gawl., (Liliacées), étymologiquement barbe de serpent, est une plante herbacée originaire du Japon et de Corée, appelée mai dong en Chine. Vivace, atteignant les vingt centimètres de haut, elle possède des feuilles abondantes, luisantes et étroites en lanières. Une courte tige porte une inflorescence en grappe de fleurs formées de six tépales blancs qui donneront des baies bleu intense et brillantes renfermant une graine toxique. Des rhizomes et les racines tubéreuses favorisent la formation d'un tapis dense. Elle est cultivée comme plante ornementale.

La médecine traditionnelle chinoise l'indique dans les affections bronchiques car elle dit qu’il humidifie la sécheresse des poumons (toux, pharyngite, l'hémoptysie) et favorise la production de fluide. Il est indiqué dans les problèmes cardiaques, l'inflammation et le diabète de type II. La médecine traditionnelle japonaise le recommande dans le mal de gorge et pour calmer la soif.

75 saponines stéroïdiques

La racine est médicinale, elle renferme 75 saponines stéroïdiques (une teneur de 0,12 % est demandée à la Pharmacopée chinoise) comme l'ophiopogonine, la ruscogénine, l'ophiogénine, ainsi que des homo-iso-flavonoïdes (ophiopogonone), des acides organiques (acide salicylique), des polysaccharides et des glycosides (ophiopogonosides).

De nombreuses propriétés ont été démontrées, confirmant les indications des pharmacopées asiatiques comme l’effet antitussif : la racine et l’ophiopogonine réduisent la toux en exerçant une action frénatrice vis-à-vis de l’acétylcholine au niveau des ganglions de la trachée, ou encore l’effet régulateur du rythme cardiaque car les saponines réduisent le calcium intracellulaire des cardiomyocytes. L’activité anti-inflammatoire des extraits a été démontrée dans l'oedème expérimental de l'oreille ou de la patte de rat, ils réduisent en effet la migration des leucocytes et des neutrophiles au niveau pleural. Les polysaccharides baissent la glycémie chez des souris rendues diabétiques par la streptozotocine.

D'autres propriétés ont été découvertes : contre l'ischémie induite par l'occlusion d'une artère cérébrale, les extraits et la ruscogénine réduisant la synthèse de nombreux médiateurs de la réaction inflammatoire. Des extraits méthanoliques réduisent la thrombose expérimentale et l'ophiopogonine est un puissant antioxydant. Des extraits et molécules présentent également une action antitumorale mise en évidence dans de nombreuses expériences avec une induction de l'apoptose, une inhibition des métastases et de l'angiogénèse.

Aucune génotoxicité n’a été mise en évidence dans le test des micronoyaux et aucune malformation fœtale chez l’animal.

Repères

En Chine, les racines sont inscrites à la Pharmacopée chinoise. Elles sont autorisées dans les compléments alimentaires en France. Les indications principales basées sur la médecine chinoise concernent la toux chronique avec ou sans glaires épaisses et les difficultés respiratoires.

Un tour du monde des plantes qui soignent, Afrique, Amériques, Chine, Outremer, Europe (2018) Fleurentin J. & Weniger B., Éditions. Ouest France, 239 p. www.ethnopharmacologia.org

Jacques Fleurentin

Source : Le Quotidien du Pharmacien