Histoire de plante

Le cocotier : la palme de la polyvalence

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Publié le 18/04/2024
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Cocotier,  L.

Cocotier, L.
Crédit photo : Jacques Fleurentin

Le cocotier (Cocos nucifera L., Aracées) est un superbe palmier droit ou arqué, emblématique des plages des régions tropicales. Originaire du pacifique, ce palmier atteint les 25 mètres de haut et porte de grandes feuilles terminales fortement divisées d'environ 5 mètres. Une immense inflorescence est formée à la base d'épillets d'une trentaine de fleurs femelles et surmonté d'un épillet de fleurs mâles. Le fruit est une drupe contenant une graine de 30 cm appelée noix de coco. De l'extérieur on trouve un endocarpe verdâtre, un endoderme, un embryon et de l'albumen : ce dernier est liquide et translucide dans le fruit jeune, c'est l’eau de coco, il se transforme en lait de coco puis en pulpe charnue blanche à maturité, appelé le coprah. La noix de coco est alimentaire et médicinale. Le coprah fournit par pression à chaud l'huile de coprah.

Eau, huile, lait

L'eau de coco sert à la réhydratation des patients diarrhéiques déshydratés. Les Japonais et les Anglais ont observé que des Birmans en temps de guerre se servaient d'eau de coco stérile pour des perfusions.

L'eau de coco est traditionnellement utilisée dans le bassin caraïbe dans les infections urinaires et les calculs et en Nouvelle Calédonie contre les diarrhées, l'hypertension et la fièvre. Des usages traditionnels sont relevés dans toutes les zones tropicales où le cocotier est présent. Le lait de coco est une boisson nutritive. L'huile de coprah est traditionnellement utilisée dans les Caraïbes en friction pour soulager les symptômes de la grippe et an application locale sur les brûlures ou les furoncles. L'huile est aussi prise par voie orale en cas de crises d'asthme.

L'eau de coco est une suspension isotonique stérile riche en fibres, en protéines, en minéraux et en vitamines (B3, B5, B2). Le lait contient des lipides et en sucres. Le coprah renferme surtout de l'huile avec des acides gras saturés comme les acides lauriques, myristiques et palmitiques, de l'a-tocophérol (vit E), des polyphénols, des glucides et des minéraux.

L'effet antilithiasique de l’eau de coco a été montré chez des rats porteurs de calculs urinaires induits

L'eau stérile sert à la réhydratation des nourrissons et des adultes et peut être administrée en perfusion. Elle est un peu diurétique. Le coprah est antioxydant, son extrait hydroalcoolique réduit la tension artérielle chez le rat hypertendu et baisse le taux de cholestérol et des triglycérides. L'extrait alcoolique est antibactérien notamment vis-à-vis du staphylocoque doré. L'effet antilithiasique a été montré chez des rats porteurs de calculs urinaires induits par l'éthylène glycol : un traitement par de l'eau de coco diminue significativement le nombre de cristaux d'oxalate de calcium. L'eau de coco protège le foie d'une intoxication au tétrachlorure de carbone chez le rat. L'huile a des effets antiviraux vis-à-vis des cytomégalovirus et du virus d'Epstein- Barr et antifongiques vis-à-vis de dermatophytes (Microsporum).

Toutes les parties trouvent un usage ethnobotanique

Des travaux récents montrent l'effet de l'huile sur les affections chroniques allergiques inflammatoires pulmonaires et l'asthme : on observe une relaxation des muscles bronchiques et des muscles lisses, une diminution de l'infiltrat inflammatoire bronchique et une amélioration du volume respiratoire.

Le cocotier est providentiel : toutes les parties trouvent un usage ethnobotanique, le bois, les palmes et la fibre et les noix sont alimentaires et médicinales. L'huile sert également à la confection de savons et de produits dermatologiques. Le charbon obtenu avec le péricarpe est conseillé dans la diarrhée.

Repères

L'huile de coco raffinée est à la pharmacopée Européenne et la noix de coco et l'huile à la pharmacopée Africaine de 1985. La pharmacopée caribéenne (Tramil) détaille les usages médicinaux de l'eau pour la réhydratation et les affections urinaires et de l'huile per os pour l'asthme et les difficultés respiratoires et par voie locale pour les brûlures et les furoncles.

Un tour du monde des plantes qui soignent, Afrique, Amériques, Chine, Outremer, Europe (2018) Fleurentin J. & Weniger B., Éditions. Ouest France, 239 p.

www.ethnopharmacologia.org


Source : Le Quotidien du Pharmacien