La feuille de coca, riche en cocaïne, d'usage traditionnel dans les Andes et médicinale dans le monde, est issue de deux espèces : Erythroxylon coca Lam. et E. novogranatense (Morris) Hieron (Linacées) : de nombreuses variétés plus ou moins riches en sont cultivées. Ce sont des arbustes des vallées de la cordillère des Andes poussant entre 400 et 2 000 mètres d'altitude : les espèces sauvages atteignant les 6 mètres de hauteur et les espèces cultivées en haute Amazonie 2 à 3 mètres. Les rameaux rougeâtres portent de petites feuilles ovales vert clair facilement identifiables par la présence, de la base au sommet, de deux nervures parallèles à la nervure médiane. L'arbuste est magnifique car il porte en même temps de petites fleurs blanc jaunâtre disposées en grappes axillaires et des drupes rouge vif contenant un noyau et une graine. Le cocaïer est cultivé au Pérou, en Bolivie, en Argentine et au Brésil.
L'usage des feuilles stimulantes remonte à plus de quatre mille ans en Amérique du Sud : elles sont mastiquées avec un peu de poudre alcaline sous forme de chaux vive ou de cendre de tiges afin d'augmenter l'assimilation de la cocaïne. La feuille mâchée n'est pas avalée et forme une chique. La saveur est un peu astringente et une légère anesthésie de la langue est perceptible avant les effets stimulants supprimant les sensations de fatigue, de faim et de froid. La feuille est également prise en infusion.
Les Incas en ont fait une plante sacrée et, avant l'arrivée des Espagnols, l’avaient dédiée au dieu soleil Inti. Dans la mythologie andine, la coca crée le lien entre le monde visible et le monde invisible des ancêtres, des plantes et des animaux. Elle est associée à la Pachamama, la Terre Mère, nourricière que l'on respecte : ils mâchent la feuille lorsqu’ils sèment, labourent ou récoltent, tout comme le fait le guérisseur quand il soigne. L'esprit de la feuille « enseignante » est à la base du chamanisme : elle permet au chamane d'entrer en transe et d'acquérir les connaissances nécessaires à son art qui consiste à pratiquer les rituels traditionnels et soigner les maladies physiques ou psychologiques. La feuille de coca est dite enthéogène c’est-à-dire qu’elle permet d'induire un état modifié de conscience inspiré du divin.
La feuille renferme des alcaloïdes (0,5-1,5 %), la cocaïne qui représente 30 à 50 %, l’ecgonine, la tropacaïne et la truxilline. On trouve également des vitamines : thiamine, riboflavine, niacine, vitamine C. La cocaïne a été isolée et identifiée en 1859 et se présente sous forme de poudre blanche.
Anesthésique local et psychostimulant
La cocaïne a deux actions majeures : un effet anesthésique local qui bloque le message douloureux au niveau des neurones de surface, et un effet stimulant du système nerveux central avec disparition de la fatigue et sensation d’euphorie. Le système adrénergique est stimulé avec accélération cardiaque et dilatation de la pupille. À forte dose la cocaïne induit des hallucinations et des convulsions. De nombreux dérivés, préparés en modifiant la molécule de cocaïne ou par synthèse, ont donné naissance à des médicaments anesthésiques locaux utilisés dans les interventions dentaires et ophtalmiques et les petites chirurgies – comme la tétracaïne ou la xylocaïne – dispensés en injectable, en patch, en collutoire ou en pastille. Ils n'ont pas d'activité stimulante sur le système nerveux central.
La toxicomanie s'est développée avec l'usage du chlorhydrate de cocaïne, une poudre blanche, obtenu par extraction à partir des feuilles. Il est pris par le nez ou snifé en reniflant une ligne « un rail » avec une paille. Certains fument le crack en cigarette, une pâte de coca riche en cocaïne. Cette toxicomanie avec une production annuelle de mille tonnes, aboutit à une véritable déchéance avec une forte dépendance psychique : traditionnellement, la feuille de coca est la plante des dieux, mais elle devient la plante des démons dans nos sociétés avec la cocaïne.
Des plantes toxiques qui soignent (2011) Fleurentin J., Éditions. Ouest France, 192 p
Plantes des dieux, des démons et des hommes (2019) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 208 p.
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