Histoires de plantes

Le bois de reinette, arme secrète des tisaneurs

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Publié le 03/12/2021
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Bois de reinette des hauts (Dodonaea viscosaea)

Bois de reinette des hauts (Dodonaea viscosaea)
Crédit photo : J. Fleurentin

Le bois de reinette, Dodonaea viscosa est un arbuste pantropical de 3 à 4 mètres de haut dont la morphologie des feuilles persistantes varie avec l’altitude. À l’île de la Réunion, le bois des hauts, croissant de 800 à 1 400 mètres, porte de grosses feuilles sans odeur alors que celles du bois des bas sont étroites et allongées sentant la pomme d’où son appellation de bois de reinette. Son autre nom, dodonée visqueuse, nous indique que ses feuilles sont collantes car elles sont recouvertes de résine. De petites fleurs femelles verdâtres donneront des capsules à deux ailes membraneuses rose rouge appelées samares.

Ses usages traditionnels sont variés et mentionnés dès le XIXe siècle : par voie orale dans la goutte, l’angine et la syphilis et en application locale comme cicatrisant des ulcères et vulnéraire.

Anti-inflammatoire

À l’île de la Réunion, les tisaneurs recommandent les feuilles dans l’arthrose, les rhumatismes et la goutte et comme diurétique dans l’hypertension, les calculs rénaux et les infections urinaires. Elles seraient prises également pour favoriser la digestion et réduire le cholestérol. En Amérique latine et à l’île Maurice, les feuilles sont aussi réputées anti-inflammatoires et en Afrique, dans les brûlures d’estomac et dans les infections pulmonaires alors que les Australiens la recommandent dans les fièvres et les affections digestives.

La feuille contient des flavonoïdes (dihydroxyflavanone, pinocambrine), des proanthocyanidols, des tanins catéchiques, des diterpènes (acide hautriwaïque) et une huile essentielle (longipinène, alpha-bisabolène).

Des extraits aqueux et hydroalcooliques de feuille ont montré des effets anti-inflammatoires dans le test de l’œdème de la patte de rat à la carragénine, antalgique, antispasmodique et antioxydant.

Des extraits aqueux, hydroalcooliques et méthanoliques sont anti-ulcéreux en protégeant le rat d’un ulcère induit par l’indométacine ou l’alcool et réduisent la sécrétion acide. L’activité hypoglycémiante a été montrée chez des rats normaux et chez des rats rendus diabétiques avec l’alloxane.

Des effets antifongiques ont été montrés vis-à-vis de Candida albicans et de champignons impliqués dans les affections cutanées. En stimulant les fibroblastes, les extraits activent la cicatrisation des plaies.

Les extraits de graines sont toxiques pour les poissons et détruisent l’hôte intermédiaire, un mollusque, de la bilharziose. L’extrait hydroalcoolique de feuille n’a pas montré de toxicité aiguë chez la souris.

Un tour du monde des plantes qui soignent, Afrique, Amériques, Chine, Outremer, Europe (2018), Fleurentin J. & Weniger B., Éditions Ouest France, 239 p. www.ethnopharmacologia.org

Jacques Fleurentin
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Source : Le Quotidien du Pharmacien