Le calophylle (Calophyllum inophyllum L., Clusiacées) est un grand arbre atteignant les 20 mètres de hauteur, originaire des côtes tropicales des océans Pacifique et Indien. Répandu sur les zones côtières en Polynésie et en Afrique, il croît également sur le sable corallien. Il porte des feuilles ovales vert foncé sur le dessus et plus clair sur le dessous ainsi que des fleurs blanches agréablement parfumées, regroupées en cymes de 10 à 25 fleurs. Les fruits également rassemblés en grappe sont des drupes globuleuses jaunâtres charnues qui contiennent une noix de 3,5 cm environ dans laquelle se trouve une amande, qui fournit l’huile de calophylle.
Dans le bassin caraïbe, c’est l’huile de l’amande d’une autre espèce, Calophyllum calaba L., qui est utilisée.
Un arbre sacré appelé tamanou
En Polynésie, le calophylle est un arbre sacré appelé tamanou, planté dans le marae royal (structure lithique à caractère religieux) là où résidait le chef et où s’effectuaient des rituels traditionnels sociaux et religieux.
En médecine traditionnelle polynésienne, la décoction d’écorce est réputée traiter les dermatoses et les ulcères en application locale et comme purgatif par voie orale.
Une résine était autrefois obtenue par expression des fruits entourés de drupe et fournissait une huile dite de tamanu réputée cicatrisante et analgésique en application locale et émétique et purgative par voie orale.
Mais c’est l’huile verdâtre à odeur épicée, obtenue par expression à froid des amandes séchées durant 2 mois, qui trouve son intérêt à la fois dans les pratiques traditionnelles et contemporaines.
L’huile renferme principalement des acides gras : acides linoléique (AGPI, acide gras polyinsaturé, oméga-6), oléique (AGMI, oméga-9), stéarique et palmitique (AGS). Elle contient également des phytostérols (stigmastérol, b-sitostérol) et de la vitamine E (alpha-tocophérol). La composition chimique des huiles des deux espèces est proche.
La fraction résineuse contient des stérols, des pyranocoumarines (callophilolide), des triterpènes et des flavonoïdes (tamanolide).
Cicatrisant et antalgique
Les effets cicatrisant et antalgique ont été observés à Tahiti par le père Nicouleau dans les années 1920 qui voyait des patients lépreux utiliser des flacons d’huile de tamanu pour soulager leurs douleurs. Plus tard, la pharmacie de Papeete fabriqua des ampoules injectables d’ester de l’huile pour soulager avec succès les névrites des lépreux.
Les travaux de pharmacologie préclinique ont confirmé les effets cicatrisant et anti-inflammatoire à la fois dans les inflammations aiguës (test de l’œdème à la carragénine de la patte de rat) et chroniques (test de l’arthrite au formaldéhyde de la patte de rat). La fraction résineuse, obtenue par extraction éthanolique, impliquée dans ces effets, possède des propriétés antioxydantes puissantes. L’huile n’est pas ulcérogène. Des actions antibactérienne, contre le staphylocoque doré et le bacille de Koch, et antivirale ont aussi été objectivées.
Cette huile végétale sert de véhicule pour administrer les huiles essentielles en massage et possède une action anti-inflammatoire et cicatrisante propre. Elle est utile en application locale dans les brûlures, l’eczéma, l’acné et les vergetures.
Du bon usage de l’aromathérapie (2019) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 206 p. Se soigner avec l’aromathérapie (2022) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 112 p. www.ethnopharmacologia.org
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