Le lyciet (Lycium barbarum, Solanacées), originaire de l’Asie Mineure, s’est répandu en Europe tempérée et dans le bassin méditerranéen. C’est un arbuste légèrement épineux d’un à trois mètres de haut aux branches retombantes qui porte des feuilles alternes et entières. Les fleurs violette qui apparaissent à l’aisselle des feuilles donneront des baies oblongues, orange à rouge vif. Une autre espèce, Lycium chinense s’est développée dans le sud de la Chine, la Corée, le Japon et la Mongolie, sa taille est plus petite, ses feuilles sont plus grandes et ses baies plus volumineuses. La dimension des baies varie de 6 à 20 mm de long et de 3 à 10 mm de diamètre. Les baies au goût amer et sucré des deux espèces sont commercialisées originaires pour la plupart de Chine et de Mongolie qui cultivent plusieurs variétés de L. barbarum.
Le lyciet était probablement connu des anciens sous le nom de lycion pour traiter les maladies des yeux. En Europe au XXe siècle, Leclerc et Dorvaux considèrent que le lyciet protège la vision, renforce les défenses naturelles et soulage de la toux et des spasmes.
En 1890, Siebert pense y déceler des alcaloïdes toxiques que l’on retrouve dans quelques autres plantes toxiques comme la belladone et fait tomber le lyciet en désuétude, mais Leclerc constate que la baie n’induit pas les effets secondaires des dérivés atropiniques comme la sécheresse de la bouche ou la mydriase. Il recommande l’alcoolature de feuille dans la coqueluche et les toux spasmodiques.
« Novel food »
En Chine, la baie de gogi (gouqiz) est traditionnellement utilisée depuis 2000 ans pour augmenter la longévité, renforcer le tonus sexuel et ralentir le grisonnement des cheveux. La Pharmacopée chinoise actuelle rapporte qu’elle stimule l’énergie vitale, favorise la vue, stimule le foie et le rein. Elle est indiquée dans les douleurs articulaires, la démence et l’anémie.
Récemment, le marché des « novel food » propulse la vente de la « baie de longévité de l’Himalaya » sur les sites internet avec parfois des allégations trompeuses.
De l’été à l’automne, la baie est récoltée à maturité, séchée à l’ombre jusqu’à ce qu’elle soit ratatinée puis mise au soleil jusqu’à ce que le péricarpe soit sec et la pulpe molle conformément à la Pharmacopée chinoise.
La baie renferme principalement des polysaccharides, des protéoglycanes et des caroténoïdes (zéaxanthine, bêta-cryptoxanthine, bêta-carotène), des vitamines C (42 mg/100 g voisin du citron), B1, B2, B3, B5, B8 et de la provitamine A. Elle contient aussi des minéraux et des oligoéléments (potassium, phosphore, magnésium, calcium, fer, zinc), des flavonoïdes et 18 acides aminés dont la proline majoritaire. Seules des traces d’atropines ont été décelées.
Anti-oxydant puissant
La baie possède une action anti-oxydante puissante montrée dans de nombreuses expériences : elle réduit le relargage de la malonaldéhyde d’homogénats de cellules de rats soumis à des radicaux libres. Les polysaccharides et les flavonoïdes sont impliqués dans six essais in vitro.
Un effet immunomodulateur a été mis en évidence se traduisant par une augmentation des cytokines et des facteurs de transcription. Un extrait complexe polysaccharide-protéine induit un effet immunostimulant en augmentant l’interleukine 2, ainsi qu’une action potentiellement antitumorale en augmentant le TNF (tumor necrosis factor) ; des effets similaires ont été démontrés chez la souris atteinte d’une tumeur induite (S180) : les extraits (10 mg/kg) inhibent le sarcome introduit et augmentent la phagocytose par les macrophages. La production d’anticorps et le nombre de cellules T cytotoxiques et NK (natural killer) sont également stimulés, ainsi que la prolifération de splénocytes de la rate.
Les polysaccharides exercent un effet neuroprotecteur mis en évidence dans plusieurs essais. Une baisse de l’hypertension intraoculaire et une réduction de la perte en cellules (neurones) ganglionnaires de la rétine sont mises en évidence avec un extrait aqueux de baies.
La baie révèle également une action préventive sur des affections métaboliques. Un extrait de polysaccharides administré à des souris recevant un régime très riche, réduit le taux de cholestérol, des LDL et des triglycérides. Des souris rendues diabétiques avec l’alloxane ont eu une baisse de la glycémie après administration d’une infusion de baies ou d’un extrait de polysaccharides.
La baie ne doit pas être prise avec la warfarine anticoagulante car une interaction a été signalée.
La baie de gogi a une longue tradition alimentaire et médicinale en Asie. Il manque certes des évaluations cliniques, mais les essais précliniques ont largement confirmé les usages traditionnels.
L’écorce de racine est traditionnellement utilisée en Chine dans la toux, l’hypertension et le diabète. Ses composants sont différents de la baie avec des cyclopeptides et des alcaloïdes. Un extrait méthanolique de racine induit un effet hypotenseur chez le rat. L’alcaloïde kukoamine serait responsable de cet effet ainsi que les peptides lyciumines qui interfèrent sur le système rénine angiotensine et montrent in vitro une activité inhibitrice de l’enzyme de conversion de l’angiotensine. Un effet hépatoprotecteur a aussi été mis en évidence chez le rat vis-à-vis d’une hépatite induite par le tétrachlorure de carbone.
Du bon usage des plantes qui soignent (2019) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 380 p www.ethnopharmacologia.org
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