SI LES ACTIONS culturelles en milieu hospitalier ne sont pas nouvelles, le partenariat entre la clinique Louis Pasteur d’Essey-les-Nancy et le musée lorrain est particulièrement original car il vise à promouvoir, au-delà de l’art, l’histoire de la médecine et de la pharmacie dans la région. Installé dans le somptueux palais des ducs de Lorraine, édifié au début de la Renaissance, le musée lorrain est le dépositaire de tout le patrimoine historique et populaire de la région. Il possède, entre autres, 800 pots de pharmacies anciens, dont une partie, collectée autrefois par la faculté de pharmacie dans les officines de la région, réclame d’importants travaux de restauration. La clinique Louis Pasteur les a pris en charge à hauteur de 30 000 euros, et le musée lui a prêté, en contrepartie, de quoi monter une exposition sur la vie médicale d’autrefois, exposition qui connaît déjà un vif succès (*). À côté d’instruments allant des forceps aux lancettes, en passant par les seringues et les trépans, elle présente des flacons et des emballages de médicaments vieux de plus de cent ans : ces boîtes et tubes aux noms pittoresques promettaient, dans un style fleuri, le soulagement immédiat des maux les plus douloureux. Complétée par des notices rédigées par un médecin, l’exposition est d’autant plus appréciée que les visiteurs sont dans un établissement de santé, et, donc, plus sensibles à ce thème qu’ils ne le seraient en temps normal, constate le Dr Philippe Tourrand, président de la clinique.
Les pots, eux, restent et resteront bien sûr dans l’enceinte du musée. « S’ils sont uniques, ce n’est pas seulement à cause de leur valeur artistique », précise Francine Roze, conservatrice en chef du musée lorrain : recueillis dans toute la région, ils témoignent par leur destination, leur forme et leur taille du mode d’exercice des apothicaires qui les utilisaient, et constituent donc de véritables documents historiques. De plus, ces pots et ces vases proviennent tous des différentes faïenceries lorraines, et illustrent les activités de celles-ci dans ce domaine. Certains, produits à Champigneulles au XVIIIe siècle, sont rarissimes, alors que les vases provenant de Lunéville et Niderviller sont mieux représentés. À l’image de tous les arts décoratifs lorrains, ces pots au style parfois très travaillé illustrent aussi l’influence française sur les créations régionales, y compris avant le rattachement du Duché de Lorraine à la France, intervenu en 1766 après la mort du dernier duc, Stanislas. Le travail de restauration, très minutieux, ne vise pas à « donner l’aspect du neuf », mais à présenter les pièces telles qu’elles pouvaient être autrefois. Il doit aussi permettre une « dérestauration » ultérieure, c’est-à-dire respecter l’histoire de l’objet et les différentes interventions menées sur lui… de même que les futures restaurations qui pourraient être menées dans quelques décennies avec de meilleures techniques. « La clinique Pasteur a parfaitement compris notre démarche scientifique et muséale, estime Mme Roze, et c’est aussi en cela que notre partenariat est particulièrement intéressant. »
Dans votre bibliothèque
« Deux par deux »
« Notre Santé est en jeu »
Quelles solutions face au déclin du système de santé ?
Dans votre bibliothèque
« Le Bureau des affaires occultes », ou les débuts de la police scientifique
USA : frites, bière, donuts gratuits… contre vaccin