Ouvert en 2006 et considéré comme l’un des plus beaux musées pharmaceutiques du monde, le musée portugais de la pharmacie est entièrement géré par l’association des pharmaciens portugais (ANF). Il dispose de deux sites, l’un à Lisbonne et l’autre à Porto, ville qui accueille notamment des anciennes pharmacies du monde entier, patiemment restaurées.
Depuis le mois de mai dernier, le musée expose, dans sa collection, une pharmacie damascène datant du XIXe siècle, qui constitue désormais l’un de ses joyaux. Duarte Santos, pharmacien et directeur de l’ANF, a présenté cette officine lors du congrès annuel de la FIP qui vient de se tenir à Düsseldorf, et qui s’achève traditionnellement par une matinée historique.
Autrefois, explique-t-il, les pharmacies de Damas étaient souvent intégrées dans des palais, et servaient aussi bien à leurs résidents qu’à la population générale. Cela explique la splendeur et le luxe de certaines officines, à l’image de celle conservée au musée, entièrement décorée de marqueterie en bois précieux, et rehaussée de dorures et de miroirs.
La pharmacie date des dernières décennies de l’époque ottomane, et présente, dans sa décoration, une synthèse entre les techniques décoratives musulmanes et les courbes et motifs visiblement influencés par les courants néobaroques venus d’Europe, mais très en vogue dans la Turquie de la fin du XIXe siècle. Rappelons en effet que la Syrie fit partie de l’Empire turc jusqu’en 1918, Damas étant alors considérée comme sa ville la plus somptueuse.
« Il a fallu 10 restaurateurs et 20 mois de travail pour redonner à l’officine son lustre d’antan », souligne M. Santos. Il précise toutefois que le musée n’est pas allé la chercher sur place, mais l’a rachetée à un antiquaire londonien, où elle croupissait depuis des années, en très mauvais état. « Dans notre situation économique actuelle, tant au niveau général qu’au niveau des pharmacies, ce fut un énorme défi que de mener à bien cette restauration, mais nous avions tous beaucoup d’enthousiasme pour cela », explique-t-il.
Aujourd’hui, l’officine présente, sur ses rayonnages, des objets et des documents historiques illustrant l’importance du monde musulman, depuis ses origines, pour les progrès de la médecine et de la pharmacie. Témoins préservés d’une splendeur aujourd’hui révolue, ses « 62 mètres carrés d’art et d’histoire » rappellent aussi, au-delà des drames contemporains, l’éternité du dialogue scientifique et culturel entre l’occident et l’orient…
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