Adossé à une muraille de la vieille ville, l’hôpital de Santa Maria del Popolo, dit aussi hôpital des Incurables, fut fondé en 1529 et abrite toujours de nombreux services hospitaliers, dans un étonnant enchevêtrement d’époques qui fait voisiner services d’urgences et cloîtres Renaissance aux arcades peintes et sculptées. En 1729, l’hôpital fit l’objet d’une grande extension, durant laquelle la pharmacie fut construite dans un style associant baroque et rococo. Accessible par un double escalier menant à deux portails en marbre, surmontés de figures évoquant la dualité des drogues, capables de sauver ou de tuer, la pharmacie disposait de deux grandes salles, qui accueillaient les visiteurs en fonction de leur statut.
La première salle, dite du dispensaire, était destinée au public qui pouvait s’y rendre librement. Un immense comptoir en noyer séparait les pharmaciens des clients, les murs étant recouverts d’étagères moulurées soutenant les pots en porcelaine décorés de paysages ou de scènes bibliques. À côté, la salle des préparations n’a conservé ni son mobilier ni ses équipements d’époque, mais abrite toujours, dans une niche, l’urne en marbre où était gardé le médicament le plus noble et le plus important de la pharmacopée d’autrefois, la thériaque. Ce « médicament miracle », élaboré selon la légende par Galien, et dont la préparation n’exigeait pas moins de 64 ingrédients, dont de l’opium et de la chair de vipère, connaissait de nombreuses déclinaisons locales. La thériaque de Naples était considérée, avec celle de Venise, comme l’une des meilleures du monde, notamment parce qu’elle intégrait des serpents capturés à Malte, alors possession napolitaine. Comme l’expliquent les responsables du musée, la thériaque faisait l’objet d’innombrables copies et contrefaçons, forçant même le royaume à mettre en place de strictes mesures de contrôle.
Une fierté teintée de nostalgie
Séparée du dispensaire par un portillon en bois sculpté, la deuxième salle constitue la partie la plus majestueuse de la pharmacie. C’est là que la famille royale et les hôtes de marque étaient reçus lorsqu’ils se rendaient à la pharmacie. Elle aussi tapissée d’étagères rehaussées de pinacles, elle présente un somptueux carrelage de majoliques, digne d’une église, et un plafond baroque peint et stuqué.
La pharmacie resta en service jusqu’à la fin du XIXe siècle, comme en témoignent d’ailleurs les étiquettes jaunies de certains pots. Elle tomba ensuite dans un long sommeil, d’où la tira, vers 2010, une association de passionnés, qui créèrent le musée médical et entreprirent de restaurer la pharmacie, ouverte au public depuis bientôt trois ans. Le succès a été au rendez-vous, puisque le musée et la pharmacie ne désemplissent pas lors des visites guidées hebdomadaires. De plus, le musée proprement dit, installé dans un ancien monastère au cœur de l’hôpital, présente d’autres souvenirs relatifs à la pharmacie dans la ville de Naples. En outre, ce magnifique ensemble rappelle aussi que l’ancien Royaume des Deux-Siciles, qui se fond en 1861 dans le jeune Royaume d’Italie, disposait d’institutions médicales, sanitaires et sociales de premier plan. Elles faisaient d’ailleurs souvent l’admiration des visiteurs étrangers… et suscitent aujourd’hui encore une fierté teintée de nostalgie chez beaucoup de Napolitains.
Pour plus d’informations, horaires et visites : www.museoartisanitarie.it
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