De juin 1940 à la Libération, aucune mesure politique ou économique ne pouvait être prise par le régime de Vichy sans avoir été sinon incitée, du moins validée par les autorités d’occupation : en pharmacie, cela a eu pour effet de « rapprocher » les législations des deux pays, même si celles-ci ont parfois connu par la suite des évolutions divergentes. Ainsi, le Conseil et les « Chambres » de pharmaciens de 1941 évoquent la Chambre des pharmaciens allemands, elle-même nazifiée en 1937 mais héritière de structures régionales établies entre 1865 et 1901. Le terme de « Chambre », usuel dans les pays germaniques et nordiques, est toujours utilisé pour désigner les Ordres professionnels (Kammer), les pays latins lui préférant le terme d’Ordre. La Chambre allemande deviendra « fédérale » en 1950 et sera démocratisée dans ses structures, essentiellement régionales, l’échelon fédéral n’étant là que pour coordonner l’ensemble et définir des orientations communes.
Plus étonnante, la limitation des pharmacies par quota de population, avec comme moyen d’action l’expiration des licences excédentaires, est une copie quasi conforme du système de « concessions individuelles » allemand qui limitera les créations jusqu’en… 1958, soit bien après la guerre. Cette année-là toutefois, un jeune pharmacien bavarois, à qui les autorités sanitaires refusaient depuis 1956 la création d’une officine au motif que sa zone géographique était déjà bien pourvue, obtint gain de cause devant la Cour constitutionnelle ouest-allemande, au nom de la liberté d’entreprendre. À contrecœur, les pharmaciens furent donc obligés de renoncer à la limitation administrative du nombre des officines, au profit d’une autodiscipline plus ou moins bien respectée, alors que cette limitation est restée en vigueur en France, de même que dans la plupart des pays du sud de l’Europe, le Nord se montrant beaucoup plus « libéral » sur ce plan.
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