À DEUX PAS de la belle église Santa Maria Novella, au 16 Via della Scala exactement, se trouve l’entrée d’une boutique particulière, un peu moins connue des touristes mais très appréciée des curieux. Il s’agit de l’ancienne pharmacie Santa Maria Novella, toujours en activité. Elle déploie ses immenses salles où sont conservées de multiples recettes, inchangées depuis 400 ans ou plus modernes, revisitées au goût du jour. Un choix de parfums, de produits et de senteurs à faire tourner les têtes.
À l’origine, cette officine faisait partie des espaces conventuels occupés par les moines bénédictins. Entre le XIIIe et le XVe siècle, existait déjà une petite herboristerie à l’emplacement de la salle actuellement ornée de boiseries et d’un riche plafond de stucs dorés. Un passage la relie au grand cloître de l’église où les moines cultivaient leur jardin des simples.
L’activité de l’officina farmaceutica débuta réellement en 1612, sous l’impulsion des Médicis qui désignèrent un apothicaire florentin pour diriger la pharmacie aux côtés du moine Angiolo Marchissi, connu pour avoir élaboré plusieurs recettes médicamenteuses, ainsi que la formule de la célèbre Eau de Santa Maria Novella à base de plantes aromatiques, aux propriétés rafraîchissantes et digestives, toujours en vente aujourd’hui. Ce moine pharmacien était passionné de sciences et s’orienta également vers les voies plus obscures de l’alchimie, tentant des expériences devant l’œil intéressé du duc de Florence. Jusqu’à sa mort en 1659, la pharmacie connaîtra une période de prospérité économique et commerciale en vendant ses produits directement au public.
Les secrets des remèdes.
Le serpent qui s’enroule autour du blason de la famille Médicis symbolise la puissante tutelle des princes de Florence sur le savoir alchimique et la diffusion des connaissances de la pharmacopée en Toscane. C’est d’ailleurs à cette même époque qu’est fondée, en 1657, à Florence, l’Académie del Cimento, célèbre et première académie scientifique européenne qui s’appuiera notamment sur les théories de Galilée, alors que venait de paraître un texte fondateur de la pharmacopée florentine intitulé le Ricettario fiorentino.
La réputation de la pharmacie du grand-duc de Toscane dépassa rapidement les frontières de l’Italie, à tel point qu’on voulut connaître les secrets des remèdes de l’officina profumo farmaceutica di Santa Maria Novella. Ils furent répertoriés par le frère Cosimo Bucelli en 1743 qui détaille en particulier la recette de l’Eau de la Reine, commandée par Catherine Médicis à l’occasion de son mariage avec le roi Henri II. Un parfum à base de bergamote qui ravira la cour française. Son parfumeur, Renato Bianco, la suivra en France et s’établira à Paris, sur le Pont Neuf, sous le nom de René le Florentin.
La pharmacie fait salon.
La première grande salle de vente était en fait, auparavant, une chapelle visible par les malades depuis leur lit. Au plafond, des fresques représentant les continents, symbolisent l’étendue des savoirs de l’officine. La deuxième salle, Sala Verde, plus ancienne, construite au XIVe siècle, puis restructurée au XVIIe siècle, fut le laboratoire puis le lieu d’accueil des clients qui s’y attardaient pour tester les produits de l’officine ou goûter une des spécialités, la liqueur d’Alkermès, ou bien le chocolat, boisson vertueuse très à la mode à l’époque. L’élégance de l’ancienne pharmacie vient sans doute de cette fonction nouvelle de salon, où se retrouvait la bonne société. Par derrière, on peut accéder à la petite chapelle, ancienne salle des aromates et des eaux distillées, qui surprend par sa riche décoration à fresques, représentant des scènes de la Passion du Christ, récemment restaurées, datées du XIVe siècle, et dont la qualité fait penser aux œuvres du peintre Giotto. D’autres salles ont été aménagées en musée où sont conservés des pots de pharmacie en majolique italienne de Montelupo, d’époque Renaissance, ainsi que de vieux alambics qui servaient autrefois à distiller l’eau de rose, très appréciée à Florence pendant les années de peste, comme désinfectant ou comme remède liquide à diluer dans un peu de vin.
Au XIXe siècle, la propriété de la pharmacie passa à l’État qui décida tout de même de l’accorder à Cesare Augusto Stefani, neveu du dernier moine directeur de la pharmacie. Depuis, quatre générations de la même famille se sont succédé pour préserver l’histoire et le charme à l’ancienne de l’apothicairerie. On se laisse tenter par les senteurs du Pot-Pourri aux herbes et plantes de Toscane, par les eaux de Cologne aux senteurs exotiques et par les pommades aux vertus diverses. Une nouvelle pharmacopée, plus cosmétique, mais tout aussi vivifiante.
Ouverte tous les jours de 9 heures à 20 heures Entrée libre.
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