L’HISTOIRE de Dermagor est celle d’un passage, celui qui mène d’un concept à sa réalisation. Sous le premier couvait l’idée d’une cosmétique plus médicale qu’ornementale, des formules capables de prendre en charge l’épiderme sans pour autant outrepasser leur statut de crème pour la peau. Dans les années 1960, cette thèse est notamment défendue par Henri Thiers, professeur en dermatologie, qui aime à déclarer que « dermatologie et cosmétologie sont les deux faces indispensables d’un même traitement ». C’est un consensus entre les deux sphères - médicale et paramédicale - qui s’ébauche ici. La santé de l’épiderme voit soudain plus large pour admettre la cosmétique dans l’éventail de ses vecteurs. Une vision qui va peu à peu s’imposer, offrant à tout un versant des produits pour la peau une crédibilité et une légitimité bien méritées. Le produit de beauté se métamorphose en soin dermocosmétique et une nouvelle dimension naît au sein des tubes, flacons et pots de crème. Le chant qui s’élève fait écho chez certains industriels du monde pharmaceutique. Gandhour en fait partie.
L’histoire, cependant, ne pourrait tisser sa trame sans que n’intervienne le facteur circonstanciel. Et le concours de circonstance va bien avoir lieu, entre la Suisse et l’Italie. Au milieu des années 1960, les contrées helvétiques accueillent le pas déterminé de Jean Marchio. Alors dirigeant du laboratoire Gandhour, il parcourt la Suisse afin de distribuer les shampoings Hégor, propriétés d’un autre industriel de renom, M. Lachartre, implanté en Italie. Avant de le commercialiser, Jean Marchio réceptionne le produit en vrac, conditionné dans de grands cartons où une série de lettres est systématiquement imprimée. Ensemble, elles forment le mot Dermagor.
Pour le praticien.
L’activité est bien en place lorsqu’un groupe venu d’outre Atlantique rachète le Laboratoire Lachartre, et les shampoings Hégor par la même occasion. Soucieux de rester dans la place, le dirigeant de Gandhour propose d’acquérir la marque Dermagor et de poursuivre sous cette griffe la distribution de shampoings en Suisse. Seulement, l’impulsion ne s’arrête pas là. Car c’est toute une gamme de produits d’hygiène et de soins que Jean Marchio imagine alors de développer, en France, sous le nom Dermagor. Puisque, à présent, il possède la marque et qu’elle n’est pas encore connue dans l’Hexagone, pourquoi se restreindre ? D’autant que la démarche lui permettra de diversifier un catalogue Gandhour jusque-là centré sur la problématique de la minceur par l’entremise d’une lotion amincissante portant le nom du laboratoire.
Les premiers fruits de cette heureuse initiative seront au nombre de trois, une lotion florale, une crème, et un lait de toilette, composés à base de collagène marin. Tous répondent aux règles scientifiques qui fondent la dermocosmétologie : critères de bonne fabrication, formules précises et accessibles aux praticiens, bonne tolérance pour les peaux les plus sensibles. Des exigences qui ne sont pas accessoires, comme l’a bien compris l’industriel. C’est une époque où pharmaciens et dermatologues s’intéressent particulièrement aux produits de soin cutané qui ne sont pas des médicaments, mais qui peuvent s’avérer très utiles dans le cadre de petites dermatoses, accompagnant les traitements et apportant soulagement à la peau lésée. Les formules estampillées Dermagor se destinent tout d’abord à une clientèle jeune à la peau grasse. Elles sont développées par un professionnel tout droit issu de l’industrie pharmaceutique, Jean-Jacques Toupin. Un réseau de visiteurs médicaux se charge de les présenter aux dermatologues, et l’officine est, bien sûr, désignée comme seul circuit de distribution. Ce positionnement plus médical que cosmétique de ce qui n’est encore qu’une ébauche de gamme est indissociable de la marque et contribuera à la caractériser tout au long de son parcours. Et celui-ci, qui conduit à nos jours, sera jalonné de lancements. Rapidement, la cible initiale de Dermagor – un public jeune – va s’élargir pour englober tout profil féminin. Et notamment les peaux intolérantes, sensibles aux allergies, dans le soin desquelles la crème au collagène marin fait merveille, devenant une référence auprès des dermatologues. Sur ce piédestal, elle n’est pas la seule. La crème hydratante Supplétive la rejoint, après avoir été lancée en 1993. Troisième référence de la gamme, actuellement, la formule a fait ses preuves en matière de taux d’hydratation (augmentation, maintien) auprès des peaux sèches (tiraillement, rougeurs, ridules…) et atopiques, avec un effet notable sur la réduction de la desquamation.
Soins plaisir.
Cinq ans après, Atopicalm fait son apparition. Développé à l’intention des peaux très sèches, intolérantes et atopiques du nourrisson, du bébé et de l’adulte, ce soin émollient est le produit phare de la marque. Sa composition y est pour beaucoup, associant huile de vaseline, glycérine et huile de noyaux d’abricot. Sa texture aussi, sous forme d’un gel crème capable d’agir en douceur sur tous les facteurs de la sécheresse atopique. Utilisée en soin quotidien, en complément ou relais des traitements dermatologiques, la formule fait merveille, procurant une sensation de soulagement et de confort dès l’application. Matiderm, masque matifiant et séborégulateur ne passe pas non plus inaperçu. Présenté en 2006, le soin inaugure une ligne dédiée aux peaux grasses à problèmes, abritant également une crème (peaux mixtes ou grasses) et un nettoyant assainissant sans savon, le Gel Py-Zn.
Au total, la marque Dermagor, aujourd’hui propriété de la société Coryne de Bruynes, aura engendré huit lignes dermocosmétiques. Elles sont composées de soins traitants, de formules d’usage quotidien et de produits d’hygiène voués aux peaux normales, fragilisées, déshydratées, aux peaux sèches, atopiques et squameuses, aux peaux grasses, aux peaux sensibles, irritables et réactives, ainsi qu’au vieillissement cutané. Un large éventail de réponses dermocosmétiques que deux nouvelles références viennent enrichir. Lancé sous la ligne Erycalm, destinée aux peaux réactives, un nettoyant micellaire sous forme de lotion et de lingettes se propose de nettoyer le visage et les yeux au quotidien, en minimisant les manifestations réactives de l’épiderme, en apaisant l’inconfort et en préparant la peau au soin.
Ces nouveautés, qui portent le nouvel habillage de la marque instauré en 2012, illustrent bien l’évolution d’une image que Dermagor souhaite désormais plus proche des consommatrices. Sans abandonner son ancrage à la technique et la performance, la marque veut mettre l’accent sur l’aspect cosmétique de ses soins. Textures agréables, formules parfumées, packagings modernes répondant à la définition de soins plaisir au service de la dermatologie. Une nouvelle aspiration pour le demi-siècle à venir.
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