Dispensation de matériel médical : mode d'emploi

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Publié le 17/11/2022
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La création d'un certificat de qualification professionnel « dispensation de matériel médical à l'officine » fait partie des accords conclus le 7 juin 2022 entre les représentants de la profession et les syndicats des salariés de la branche officine*. En voici les modalités.

matériel médical

Après plusieurs années de travail de la Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle (CPNEFP), le certificat de qualification professionnel (CQP) « dispensation de matériel médical à l'officine » a été mis en place. Ce CQP s'adresse aux pharmaciens adjoints ainsi qu'aux préparateurs. Il leur permet de bénéficier d'une prime mensuelle de 40 fois la valeur du point (soit 191,04 euros actuellement) sous réserve qu'ils exercent cette activité au sein de l'officine.

Les modalités d'accès

Ce certificat peut être suivi auprès de plusieurs organismes de formation, comme le Centre de formation professionnelle de la pharmacie (CFPP), Hygie Formation, CFA pharmacie et de nombreux autres. La liste complète peut être obtenue en consultant la circulaire 2022-26 (23 juin 2022), qui peut être demandée à la FSPF.

Le CQP est accessible aux pharmaciens adjoints et préparateurs diplômés, qu'ils soient en poste ou en recherche d’emploi, dans le cadre de la formation continue. Pour s'inscrire au CQP, le stagiaire doit adresser à l'organisme formateur un courrier/mail de demande d'inscription, avec la copie de son diplôme donnant accès à la formation et un courrier de son employeur précisant les conditions retenues pour l’inscription.

Notez que cette formation s'effectuant dans le cadre d'un contrat de professionnalisation, le pharmacien formé continuera donc à percevoir la rémunération relative à l'emploi qu'il occupe dans l'officine, au lieu d'un salaire calculé en pourcentage du SMIC. Le coût de la formation, variable en fonction de l'organisme, est quant à lui pris en charge par l'OPCO EP (Opérateur de compétences pour les entreprises de proximité).

Enfin, il faut savoir que le CQP ne peut pas être validé partiellement. De même, il ne peut être obtenu par la validation des acquis de l’expérience (VAE), pour les pharmaciens ayant déjà des compétences en termes de dispensation de matériel médical en pharmacie (par exemple, ceux ayant un DU d'orthopédie).

Le programme

La formation dure 180 heures, étalées sur 6 mois, avec un ou deux jours de cours par semaine, selon l'organisme de formation. Le programme est divisé en 6 modules de compétences, qui comprennent aussi bien de l'enseignement théorique que des mises en situation professionnelle, des études de cas, des jeux de rôle et des cas pratique. Le diplôme est délivré par un jury de certification de la CPNEFP. La certification est obtenue si les 6 modules ont été validés, selon les conditions et modalités définies dans le référentiel d’évaluation. Notez que, pour les candidats malheureux n'ayant validé que partiellement le CQP à l’issue des épreuves finales, ils gardent le bénéfice des modules acquis pendant une durée de cinq ans, et pourront se représenter à la session suivante pour valider les modules manquants.

La prime

La prime mensuelle peut être obtenue par les possesseurs du CQP qui « de manière régulière, effectuent le suivi des patients aux fins de vérifier l’adéquation à leurs besoins des matériels destinés à être installés à leur domicile, assurent le contrôle et, le cas échéant, l’adaptation de ces matériels, tout en délivrant les conseils associés à leur dispensation ».

Ainsi, les préparateurs et pharmaciens titulaires du CQP et dont l’exercice effectif est jugé comme n'étant pas suffisant (exemple extrême, une seule dispensation par mois) ne peuvent pas bénéficier de la prime, sauf décision plus favorable de l’employeur. L'appréciation de la « régularité » du travail est laissée à l'employeur.

Le montant de la prime est équivalent à 40 fois la valeur du point, soit 191,04 euros. Elle a un caractère forfaitaire, c’est-à-dire qu'elle n'est pas proratisée en fonction de la durée du travail. Elle doit figurer sur une ligne distincte du bulletin de paie et n’entraîne aucune modification du coefficient.

Un marché en progression régulière

Le marché des dispositifs médicaux connaît une croissance d'environ 5 % par an en France. Particulièrement vaste, il comprend de nombreux produits (compression médicale, orthèse, attelle, fauteuil roulant, tire-lait…) qui sont de plus en plus demandés et représentent un potentiel non négligeable des bénéfices potentiels d'une pharmacie.

Un domaine dans lequel il est important et nécessaire d'être formé, selon Michel Leroy, pharmacien titulaire dans le 5e arrondissement de Paris et coprésident de la Chambre syndicale des pharmaciens de Paris (FSPF 75) : « Il y a une connaissance qui est inhérente dans ce domaine, qui n'est pas acquise dans la formation de tronc commun. » La connaissance théorique n'est toutefois pas le seul élément de réussite : « Il est indispensable d'unifier le discours au sein de l'équipe officinale pour communiquer au patient la confiance que l'on a dans le matériel médical qu'on lui propose. Aussi, il faut choisir ensemble, titulaire et adjoint, quels produits en rayon on souhaite proposer au patient. Le référencement, surtout, doit se faire sur l'aspect service rendu, et pas l'aspect commercial », reprend-il.

Enfin, pour les pharmaciens souhaitant augmenter la part de dispositifs médicaux au sein de l'officine, Michel Leroy met en garde contre le manque de place au sein de l'officine, puisque les dispositifs médicaux prennent généralement plus de place que les médicaments : « Un stock trop court force le pharmacien à conseiller le patient non pas en fonction des besoins de ce dernier, mais en fonction de la disponibilité de son stock. » Un élément à prendre en compte donc.

* La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) et les syndicats des salariés de la branche officine, réunis au sein de la Commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation (CPPNI).

François Tassain

Source : Le Quotidien du Pharmacien