Redonner de la voix aux victimes d'accidents vasculaires cérébraux et à d'autres patients atteints de troubles de la parole, tel est l'exploit technique en passe d'être réalisé.
Pour ces personnes qui ont perdu la capacité de parler en raison de paralysie et de diverses formes de dommages neurologiques, l'espoir est désormais permis. Des chercheurs de l'université de Californie à San Fransisco (UCSF) viennent en effet de publier les résultats d'une étude (« Nature » du 25 avril) par laquelle ils ont testé une technologie capable de traduire des signaux du cerveau en voix synthétique. Cet ambitieux essai démontre que leur dispositif est en mesure de générer des phrases entières prononcées à partir de la seule activité cérébrale d'un individu. Penser à haute voix, en quelque sorte. En pratique, l'interface cerveau-ordinateur opère en deux temps. Tout d'abord, par le biais d'un réseau neuronal artificiel, en convertissant les signaux d'origine cérébrale en mouvements de l'appareil vocal censés leur correspondre, puis en transformant de la même manière ces derniers en voix de synthèse. Pour parvenir à ce miracle technico-médical, les scientifiques ont implanté un grand nombre d'électrodes dans le cerveau de sujets non muets (épileptiques déjà équipés d'électrodes cérébrales), ils leur ont fait lire à haute voix plusieurs centaines de phrases et ont enregistré leurs signaux cérébraux. Ils ont ainsi pu dessiner leur schéma d'activité cérébrale juste après que les sujets ont pensé à un mot, mais juste avant qu'il soit transmis aux muscles de la langue et de la bouche pour être dits. De la pensée du mot à sa vocalisation. Pas d'inquiétude, préviennent toutefois les chercheurs, le procédé ne traduit pas ce que le patient pense, mais plutôt ce qu'il tente de prononcer. Quoi qu'il en soit, lorsqu'il sera au point, ce dispositif pourra redonner de la voix à des patients jusqu'alors condamnés au mutisme ou aux ânonnements. Mais la route est encore longue, soulignent les chercheurs qui, à défaut d'être déjà capables de restaurer la voix, ont au moins ouvert une voie…
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