Entre 16 600 et 30 400 enfants pourraient avoir été atteints de troubles neuro-développementaux après exposition in utero au valproate ces 50 dernières années. Ces troubles pourraient également exister, en moindre mesure, avec la prégabaline.
Troubles autistiques, retards mentaux, difficultés ou retards de langage… En 50 ans, entre 16 600 et 30 400 enfants pourraient avoir été atteints de troubles mentaux et du comportement après avoir été exposés in utero au valproate, selon une estimation réalisée par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l'assurance-maladie.
Jusque-là, l’ANSM n'avait estimé que le nombre de malformations congénitales graves provoquées par le valproate (entre 2 150 et 4 100 enfants). Cela ne prenait pas en compte les enfants souffrant de retard de développement. Cette nouvelle étude, portant sur plus d'1,7 million d’enfants nés entre 2011 et 2014, a identifié 8 848 enfants ayant été exposés in utero à un traitement antiépileptique, dont 991 à l'acide valproïque (parmi ces derniers, 50 ont eu un diagnostic de trouble mental ou du comportement). Ensuite, pour parvenir à l'estimation du nombre d'enfants touchés, les auteurs se sont fondés sur un pourcentage de risque de 30 % à 40 % déjà établi par de précédentes études. Ils ont appliqué ce ratio au nombre total d'enfants exposés au valproate entre 1967 (date de sa commercialisation) et 2016 (de 41 600, estimation basse, à 76 100, estimation haute). Ils aboutissent ainsi à la fourchette de 16 600 à 30 400 cas. « Le risque de troubles neuro-développementaux est 4 à 5 fois plus élevé parmi les enfants exposés au valproate in utero par rapport aux enfants non exposés, avec un effet dose marqué : le risque est jusqu’à 8 à10 fois plus élevé pour les doses les plus fortes », évoque l’ANSM dans un communiqué.
Par ailleurs, les autres médicaments de l’épilepsie pourraient eux aussi présenter des risques de troubles neuro-développementaux, mais de façon beaucoup moins marquée. Notamment avec la prégabaline pour laquelle le risque est augmenté de 1,5 fois par rapport aux enfants non exposés. En ce qui concerne la lamotrigine, principale alternative au valproate, la relation est moins nette : la molécule expose à un risque multiplié par 1,6, mais « cette association pourrait être en lien avec la maladie psychiatrique maternelle et non pas à la lamotrigine », suggère l'ANSM. Enfin, pour les autres antiépileptiques, rien ne ressort pour le moment en termes de risque de troubles neuro-développementaux (carbamazépine, phénobarbital, lévétiracétam, oxcarbazépine, topiramate, clonazépam, gabapentine). Mais l'ANSM reste prudente : « on ne peut exclure une augmentation du risque de façon certaine ».
L'association de patients APESAC déclare que « ces chiffres ne sont pas une surprise », et juge « nécessaire que le Laboratoire Sanofi (qui commercialise la Dépakine) assume ses responsabilités et prenne en charge les victimes ». Dans un communiqué, le laboratoire « conteste fermement les estimations mentionnées dans le rapport de l’ANSM et de la CNAM ». Elles « reposent sur des hypothèses invérifiables d'exposition au valproate pendant la grossesse », écrit-il.
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