HUMEUR

Vaccin, je t’aime

Publié le 26/11/2009

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Comme tous les hypocondriaques, je n ’ai qu’une hâte, c’est d’être vacciné contre la grippe A(H1N1). Cela fait un bon mois que je suis immunisé contre la grippe classique. Maintenant, tous les matins, je cours à ma boîte à lettres pour voir si mon coupon de convocation est arrivé. Chaque matin, c’est un crèvecœur, c’est niet, pas de coupon. Mon médecin traitant me dit qu’un homme comme moi, vieux et bon à jeter, est probablement immunisé s’il a été exposé à l’H1N1 avant 1959. Et donc que je ne suis pas prioritaire. J’aimerais presque être une femme enceinte. J’enrage contre ceux qui refusent d’être vaccinés et qui ont changé d’avis. Ils n’allaient pas dans les centres de vaccination quand moi j’aurais pu y aller et maintenant les centres sont bondés. Depuis ce matin, je ne me sens pas bien. J’ai éternué deux fois et vaguement râclé ma gorge. Je pressens que mes anticorps naturels ont oublié mon immunisation d’avant 1959 et qu’ils se baladent insouciants dans mon organisme, fiers qu’ils sont d’avoir été requinqués par le vaccin contre la grippe saisonnière. D’ailleurs, je ne me souviens pas avoir eu la grippe un jour. Normal, je me suis toujours fait vacciner. Sauf cette année, l’année des deux vaccins et des trois doses.

› RICHARD LISCIA