DÉBUT 2014, suivant les recommandations de l’OMS, la France a simplifié le calendrier vaccinal en adoptant un schéma à 2 doses pour la vaccination HPV des jeunes filles âgées de 11 à 14 ans. Mais les choses pourraient aller encore plus loin, selon une étude américaine publiée dans le « Lancet Oncology ». L’équipe dirigée par le Dr Aimée Kreimer, épidémiologiste aux « National Institutes of Health » suggère qu’une dose unique de vaccin bivalent HPV (Cervarix) pourrait offrir une protection équivalente à 2 ou 3 doses contre les sous-types 16 et 18.
Pour le Dr Kreimer, ces résultats posent la question du nombre de doses réellement nécessaires pour protéger la majorité des femmes contre le cancer du col de l’utérus. « Si une dose est suffisante, cela pourrait réduire les coûts (...), tout en améliorant l’adhésion, explique-t-il. C’est particulièrement vrai dans les régions les moins développées du monde où surviennent plus de 80 % des cancers du col. »
Un essai irremplaçable.
Pour avancer ces résultats de bon augure, les chercheurs ont analysé en post-hoc de façon combinée les données de l’essai Costa Rica Vaccine, mené chez 7 466 femmes âgées de 18-25 ans et de l’essai PATRICIA, mené chez 18 644 femmes de 15-25 ans résidant dans l’Asie du Pacifique, l’Europe, l’Amérique Latine et l’Amérique du Nord. Dans les deux essais, les femmes étaient randomisées, soit dans un groupe à 3 doses de vaccin HPV, soit un groupe témoin à vaccin contre l’hépatite A. Pour ce travail, les épidémiologistes se sont alors penchés sur les femmes qui n’avaient pas reçu l’ensemble des 3 doses mais seulement 1 ou 2, du fait en général de la survenue d’une grossesse. Au final, les épidémiologistes ont comparé l’efficacité vaccinale anti-HPV au cours d’un suivi moyen de 4 ans d’un schéma complet à 3 doses (n=22 327), d’un schéma incomplet à 2 doses (n=1 185) et d’une dose unique (n=543).
Le rôle de l’adjuvant en question.
À noter que si l’efficacité vaccinale était élevée quel que soit le nombre de doses pour les sous-types majoritaires 16 et 18, à savoir de 77 % pour 3 doses, de 76 % pour 2 doses et de 85,7 % pour une seule dose, il n’en était pas de même pour les sous-types 31/33/45 avec des taux respectivement de 59,7 %, 37,7 % et 36,6 %.
Les auteurs ne sont pas d’avis de modifier d’emblée les recommandations - certains biais éventuels ne peuvent être exclus. Par exemple, les femmes enceintes pourraient être à risque moindre de cancer, même si cela ne suffirait pas à expliquer l’efficacité constatée. Seul un essai randomisé spécifique pourra trancher la question, et au mieux à plus long terme, au delà de 4 ans.
Autre point épineux à éclaircir, ces données concernant le vaccin bivalent (Cervarix) contenant l’adjuvant ASO4, ces résultats ne peuvent être directement transposés au vaccin quadrivalent (Gardasil) sans adjuvant. La question se pose de savoir si l’efficacité à 1 dose est liée aux caractéristiques des particules pseudo-virales du vaccin, « aux épitopes très proches et répétés », ou si l’effet protecteur est lié à la présence de l’adjuvant. Pour le passage d’un schéma simplifié de 3 à 2 doses chez les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans, la modification d’AMM avait d’abord été obtenue par le vaccin bivalent Cervarix en décembre 2013 puis pour le quadrivalent Gardasil en février 2014.
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