L'originalité de cette méta-analyse est de s'être appuyée sur une définition précise de ce qu'est une réponse durable au traitement et applicable quelles que soient la tumeur et la ligne de traitement. Dans cette étude, les longs répondeurs correspondent ainsi aux patients pour lesquels la durée d'efficacité du traitement (survie sans progression) est au moins trois fois supérieure à celle de la population étudiée. « Jusque-là, nous ne disposions pas de critère pertinent au regard de l'hétérogénéité des tumeurs », indique au « Quotidien » le Pr Christophe Le Tourneau, oncologue médical à l'Institut Curie et auteur senior de l'étude.
25 % de longs répondeurs
Au total, 19 essais de phase III ont été inclus, soit 11 640 patients atteints de cancer en récidive ou métastatique (mélanome, cancer bronchique non à petites cellules, carcinome urothélial, cancer de la prostate, carcinome épidermoïde de la tête et du cou, cancer de l'estomac ou cancer du rein). Ils ont été répartis en 42 bras : 26 bras ayant reçu de l'immunothérapie et 16 d'autres thérapies (chimiothérapie, thérapie ciblée ou vaccin).
La survie sans progression moyenne était de 3,8 mois dans le bras « immunothérapie » contre 3,5 mois dans le bras « autres thérapies ». Une réponse durable a été observée chez 25 % des patients dans le premier bras contre 11 % dans le second. « Comme l'immunothérapie agit en réactivant le système immunitaire, nous nous attendions à observer des réponses prolongées. Ces résultats confirment cette hypothèse initiale, souligne le Pr Le Tourneau. Néanmoins, il ne faut pas oublier que la majorité des patients ne répond pas à l'immunothérapie, et qu'une hyperprogression de la maladie est même observée chez certains patients. »
De meilleurs résultats avec les anti-PD-1/PD-L1
L'immunothérapie par anti-PD-1/PD-L1 est par ailleurs associée à de meilleurs résultats que l'immunothérapie par anti-CTLA-4, avec 28 % de patients longs répondeurs contre 18 %. « Ces résultats étaient déjà connus, même si les mécanismes restent mal compris. Aujourd'hui, l'immunothérapie repose surtout sur le ciblage PD-1/PD-L1, d'autant plus que les traitements ciblant CTLA-4 sont plus toxiques », précise l'oncologue.
« Notre étude confirme également l'intérêt d'une administration précoce de l'immunothérapie au cours de la maladie, et le fait que le mélanome est le type tumoral qui répond le mieux », résume Le Pr Le Tourneau.
L'enjeu reste de sélectionner de manière plus fine les patients qui vont répondre au traitement. Des biomarqueurs sont étudiés, mais « nous n'avons pas encore trouvé de "biomarqueurs miracles", regrette l'oncologue. Par exemple, certains patients peuvent ne pas présenter de biomarqueurs comme l’expression de PD-L1, mais répondre quand même ».
« Le critère de jugement que nous avons utilisé dans cette méta-analyse va pouvoir servir de base pour d'autres études afin de comparer l'efficacité des nouvelles stratégies thérapeutiques », conclut le Pr Le Tourneau.
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