Créée en octobre 2015, dans le cadre du PAERPA (1) de Bordeaux, une unité mobile d’évaluation gériatrique de ville a déjà réalisé plus de 200 interventions auprès de personnes âgées.
Son objectif premier est de créer du lien entre les différents intervenants (généralistes, pharmaciens et professionnels de santé), pour favoriser le maintien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie, éviter hospitalisations à répétition, passages aux urgences et prévenir les syndromes gériatriques (dénutrition, confusion, chutes, dépression…).
Cette unité qui intervient au domicile, se compose d’un gériatre, d’une pharmacienne, d’un psychiatre, d’un infirmier, d’une assistante sociale, d’un ergothérapeute et d’une secrétaire.
Une action novatrice
« À ma connaissance, c’est la première fois qu’un pharmacien est intégré au sein d’une telle unité de ville, explique Stéphanie Mosnier-Thoumas, titulaire du poste. C’est une action novatrice qui vise à assurer la prise en charge médicamenteuse de la personne âgée et à établir les bases d’un travail pluridisciplinaire. »
L’unité mobile intervient principalement à la demande des médecins traitants, mais aussi des pharmaciens d’officine, des infirmières, des familles ou de la plateforme autonomie senior de Bordeaux. En amont, elle a mené une campagne de communication : réunions de quartier, distribution de flyers auprès des généralistes, syndicats et Ordres des médecins et des pharmaciens…
Son délai d’intervention est de 48 à 72 heures, après accord indispensable du médecin traitant. Gériatre, infirmière et assistante sociale se rendent alors au domicile du patient pour une évaluation complète. Psychiatre, pharmacien (2) et ergothérapeute n’interviennent que dans un second temps.
Conciliation médicamenteuse
Pour le pharmacien, le travail débute par la conciliation médicamenteuse. « Il s’agit de reconstituer ce que prend le patient, explique Stéphanie Mosnier-Thoumas. Car chez les plus de 80 ans, 20 % des hospitalisations ont des causes iatrogènes (30 à 50 % sont évitables) souvent liées à des problèmes d’observance, de compréhension du traitement, de coordination de soins… »
Pour ce faire, elle rassemble les informations issues de toutes les sources mobilisables (voir encadré). « Avec ces éléments, les antécédents de la personne et l’objectif thérapeutique, je peux pointer les risques, les médicaments inappropriés pour les personnes âgées, et proposer une éventuelle modification de prescription, explique Stéphanie Mosnier-Thoumas. Je fournis alors une préconisation argumentée. »
Celle-ci est adressée par le gériatre de l’unité mobile, au médecin traitant et au pharmacien du patient, avec l’ensemble des autres préconisations médico-sociales. Libre au médecin de la suivre ou non. Un à deux mois plus tard, l’équipe mobile procède une évaluation de son action et de l’effet de ses préconisations.
Diffuser la culture gériatrique pluriprofessionnelle
Huit mois après sa création, l’unité mobile a réalisé 126 évaluations gériatriques complètes (cf. encadré) à la satisfaction des familles et professionnels de santé (seulement deux refus de généralistes, pour des raisons pratiques) : « La plupart des médecins qui ont fait appel à nous, nous rappellent et deviennent très demandeurs », souligne Marie-Neige Videau, gériatre de l’équipe.
« Les pharmaciens d’officine apprécient la démarche, elle leur permet de s’impliquer davantage dans le PAERPA et de partager des informations avec les médecins, explique Stéphanie Mosnier-Thoumas. L’idéal serait qu’ils puissent faire eux-mêmes ce travail de conciliation, mais il exigerait un mode de rémunération, car cela prend beaucoup de temps. Pourquoi ne pas imaginer un pharmacien d’officine qui irait une ou deux fois par an chez ses patients pour une conciliation rémunérée ? Cette expérience marque aussi l’évolution du rôle du pharmacien. À l’hôpital, il passe progressivement du sous-sol (où sont reléguées beaucoup de pharmacies hospitalières) au lit du patient. En ville, ce travail très enrichissant permet de s’intéresser au patient dans sa globalité, toucher à tous les domaines de la santé (polypathologies) et diffuser la culture gériatrique pluriprofessionnelle dans la cité. »
1) Parcours de santé des personnes âgées en perte d’autonomie.
2) Dans certains cas, le pharmacien de l’unité mobile peut aussi aller au domicile du patient, par exemple, pour mettre en place ou expliquer un nouveau traitement.
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