ENTRE 2 008 et 2011, Katrina Purcell et coll. (Université de Melbourne, Australie) ont conduit un essai d’intervention, randomisé, chez des patients obèses ? l’IMC était compris entre 30 et 45 kg/m2 ? en bonne santé c’est-à-dire sans maladies métaboliques.
Les volontaires recrutés par la presse et la radio étaient randomisés en deux groupes et assignés soit à un programme de perte de poids rapide (PR) sur 12 semaines, soit à un programme graduel (PG) sur 36 semaines. Le premier reposait sur des substituts de repas (Optifast) de 450 à 800 Kcal/j pris 3 fois par jour permettant une perte d’environ 1,5 kg par semaine. Dans le second, les personnes devaient réduire leurs apports de 400 à 500 Kcal par jour en remplaçant 1 à 2 repas quotidiens par le même substitut (Optifast), entraînant une réduction pondérale de 0,5 kg par semaine. Les patients qui perdaient 12,5 % de leur poids initial entamaient la phase de suivi, jusqu’à la 144e semaine.
Une reprise de 10 kg.
Chez les patients qui ont suivi la phase 1, 81 % du groupe PR et 62 % du groupe PG ont atteint l’objectif, une perte de poids égale ou supérieure à 12,5 % (p = 0,009), une différence statistique qui persiste en « intention de traiter ». Seul le tour de taille était significativement diminué dans le groupe PG par rapport au groupe PR. Tous les patients qui ont atteint la fin de la phase de suivi (144e semaine) avaient repris la quasi totalité des kilos perdus, précisément 71,2 % du poids perdu dans le groupe PG (en moyenne 10,4 kg) et 70,5 % (10,3 kg) dans le groupe PR ; les 2 groupes se sont rejoints dès la 48e semaine et ne différaient plus ensuite.
Côté biologie, la baisse de la concentration de leptine est observée dans les deux groupes, de façon plus prononcée dans le groupe PR (p = 0,003) et dès que la perte de poids atteint 15 %, ce qui témoigne que la leptine est sécrétée non seulement en fonction de la masse adipeuse mais aussi de balance énergétique. Son taux remonte de façon similaire, dans les 2 groupes, dès la 44e semaine. Les taux de grhéline eux ne diffèrent pas entre les 2 groupes : l’hormone qui stimule l’appétit augmente après la perte de poids, de 40 % dans le groupe PR et de 29 % dans le groupe PG, et se maintient à un taux élevé pendant la phase de suivi.
Suprimer l’appétit
Dans leur analyse, les auteurs insistent sur le fait que le remplacement total des repas dans le groupe PR améliore l’observance. « Notre étude montre qu’une perte de poids d’environ 15 % peut être atteinte par 80 % des individus, sans aucun traitement pharmacologique, expliquent les auteurs. Pour la première fois, on montre que la rapidité de l’amaigrissement n’est pas un facteur déterminant la reprise de poids. Enfin, les adaptations physiologiques chez les sujets qui maintiennent leur perte de poids à 3 ans, baisse de la leptine et hausse de la ghréline, sont durables ».
Tout le problème réside donc dans la reprise du poids. « Les compagnies pharmaceutiques sont trop axées sur la perte de poids et la FDA accorde une AMM dès lors que leur molécule obtient une perte pondérale supérieure de 5 % à celle du placebo. Plutôt que s’obnubiler sur la perte de poids il serait plus judicieux de développer des molécules qui réduisent l’appétit au long cours », estime le Pr Katrina Purcell.
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