Dans les pays occidentaux, entre 40 et 50 % des femmes ont recours à la phytothérapie en alternative aux traitements hormonaux de la ménopause, pour atténuer les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes et la sécheresse vaginale.
Mais quelle est l’efficacité de ces remèdes ? Jusqu’alors, les études publiées n’ont pas permis de trancher sur la question. Pour en savoir un peu plus, des chercheurs des universités de Rotterdam (Pays-Bas) et de Cambridge (Royaume-Uni) ont donc décidé de mener une méta-analyse, qui a été publiée dans la revue scientifique « JAMA ». Au total, 62 études ont été retenues, incluant plus de 6 600 sujets féminins.
Phytoestrogènes et trèfle rouge, pourquoi pas ?
Tout d’abord, les auteurs ont conclu que la prise de phytoestrogènes était associée à une réduction modeste de la fréquence des bouffées de chaleur et de la sécheresse vaginale. En revanche, aucun effet n’a été retrouvé sur les sueurs nocturnes.
Ces résultats concernent les interventions à base d’isoflavones de soja toutes confondues, que ce soit celles issues d’un apport diététique ou d’une supplémentation en isoflavones de soja, ou d’une supplémentation en extraits de trèfle rouge. Prises isolément, les études réalisées avec le trèfle rouge ont conclu à une absence d’effet sur les bouffées de chaleur sur 24 heures. Mais une étude montre que la prise de trèfle rouge a permis de diminuer les sueurs nocturnes sur 24 heures.
L’actée à grappes noires à éviter
Par ailleurs, les chercheurs estiment que l’actée à grappes noires (Actea racemosa) ne doit pas être utilisée pour soulager les symptômes de la ménopause, bien que son utilisation soit courante et populaire dans ce domaine. D’une part, car aucun effet sur les bouffées de chaleur ni sur les sueurs nocturnes n’a été relevé dans la méta-analyse (qui n’a pu se baser que sur 4 études). En revanche, une étude a montré une diminution de la sécheresse vaginale. D’autre part, on connaît mal les principes actifs et les mécanismes d’action, ainsi que les effets secondaires de l’actée à grappes noires. Du fait de ces incertitudes et du manque de bénéfices relevés dans la méta-analyse, les chercheurs ne se prononcent donc pas en faveur de l’utilisation de l’actée noire pour réduire les symptômes de la ménopause.
D’autres remèdes aux effets peu étudiés
Sept études testant d’autres remèdes de phytothérapie ont été analysées, mais le nombre d’étude et les résultats sont trop disparates pour pouvoir en tirer une conclusion. Quatre de ces études ont montré une association entre la baisse des symptômes accompagnant la ménopause et la prise de remèdes à base d’onagre, de graines de lin, de millepertuis. Les trois autres études n’ont pas identifié d’effet avec la prise de thérapies combinant des germes de blé, du millepertuis et du gattilier.
Idem en ce qui concerne les plantes médicinales, chinoises ou non : le nombre d’études est trop faible pour en tirer des conclusions. Toutefois, certaines études isolées montrent une amélioration des symptômes liés à la ménopause avec certaines plantes. Notamment dans une étude, l’ERr731, un extrait isolé de Rheum rhaponticum et d'extrait d’écorce de pin, a permis d’améliorer le nombre de bouffées de chaleur sur 24 heures, mais les preuves restent limitées.
Pour les auteurs, les phytoestrogènes présents dans certaines plantes retiennent donc l’attention, d’autant plus que des explications biologiques viennent appuyer leur possible efficacité : « les deux principaux sous-types de phytoestrogènes sont l’isoflavone et les lignanes, qui ont des structures chimiques analogues à l’estradiol et qui auraient donc des effets estrogène like », avancent les chercheurs, en mettant néanmoins en garde sur le fait que « ces mécanismes d’action peuvent avoir des effets secondaires tels que l’hyperplasie de l’endomètre ».
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