LES ENTÉROBACTÉRIES NDM-1 (New-Delhi métallo-bêtalactamase) ont acquis un gène qui hydrolyse pratiquement toutes les bêtalactamines, sauf l’aztréonam, explique au « Quotidien » le Pr Patrice Nordmann*. Ce gène, exprimé dans des souches différentes qui sont déjà résistantes à de nombreux antibiotiques, notamment les aminosides et les fluoroquinolones, leur confère une résistance multiple, voire totale, aux antibiotiques. Dans certains cas, les souches restent sensibles à la colistine, à la tigécycline ou à la fosfomycine.
Ces entérobactéries NDM-1 ont été détectées notamment en Grande-Bretagne, en Belgique, au Canada, en Suède, aux États-Unis et en Australie, chez des patients ayant été hospitalisés dans le sous-continent indien.
En France, une entérobactérie de ce type a été tout récemment identifiée chez une jeune femme hospitalisée dans le sud de la France pour une infection urinaire contractée après un séjour dans un hôpital du sud de l’Inde pour une intervention chirurgicale lourde. Auparavant, un seul cas avait été dépisté, à savoir un cas de portage cutané en avril 2010 chez un Français de retour d’un voyage en Inde. Les deux patients restent hospitalisés pour de tout autres pathologies non infectieuses et sont maintenus en isolement.
Pour le Pr Nordmann, cela pourrait devenir un problème majeur, par la nature même des bactéries impliquées (entérobactéries et en premier lieu E. coli) et le réservoir connu, le sous-continent indien. Le sous-continent cumule les facteurs favorisant la résistance aux antibiotiques ; 1,4 milliard d’habitants, surpopulation d’où échange massif de flores bactériennes, absence d’hygiène, eau contaminée ; et la cause majeure de diarrhée chez l’enfant en Inde est E. coli, dont la diffusion est favorisée par les diarrhées. « Toutefois, aucun élément ne suggère que ces souches NDM-1 soient plus virulentes que d’autres souches d’entérobactéries. Actuellement, l’identification de très rares souches NDM-1 ne revêt aucun caractère particulier de gravité pour la santé publique en France, ce d’autant que la France a relativement peu d’échanges de population avec l’Inde et le Pakistan. »
Des recommandations.
En France, sur l’avis du Haut Conseil de santé publique (HCSP), des mesures vont être recommandées aux établissements et aux professionnels de santé :
dépistage de ces bactéries résistantes (les bactéries dites NDM-1 mais aussi d’autres comme le staphylocoque résistant à la méticilline) chez des patients ayant séjourné dans un hôpital étranger ;
renforcement des mesures d’hygiène (isolement septique, lavage des mains…) autour de tels patients?;
renforcement de la surveillance nationale de la résistance à certains antibiotiques?;
rappel des règles du bon usage des antibiotiques.
Timothy Walsh et coll. (université de Cardiff au Royaume-Uni) publient dans « The Lancet Infectious Diseases » (numéro de septembre), une revue de cas identifiés d’infections par ces entérobactéries hautement résistantes NDM-1 dans des centres en Inde (Chennai et Haryana), et au Royaume-Uni chez des patients revenus d’Inde. Sur un total de 150 isolats, le gène NDM-1 est trouvé principalement dans
E. coli (36) et K. pneumoniae (111). Les auteurs soulignent que le gène est présent sur des plasmides, une structure ADN qui est facilement copiée et transférée entre les bactéries, avec donc un potentiel pour se répandre et se diversifier dans les populations bactériennes. Par ailleurs, il y a peu d’antibiotiques anti-Gram négatif en développement et aucun n’est efficace contre NDM-1. « Plus inquiétant est le fait que la plupart des isolats de Chennai et Haryana proviennent d’infections communautaires, suggérant que NDM-1 est largement répandu dans l’environnement. » À Bicêtre, « nous avons développé et validé les tests de dépistage NDM des patients infectés ou porteurs ; ces tests vont être disponibles en France comme à l’étranger », précise le Pr Nordmann.
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