NOTRE MICROBIOTE intestinal (ou flore intestinale), composé de plus de cent mille milliard de bactéries, est dorénavant considéré comme un organe a part entière procurant de multiples bienfaits.
Une modification de cet écosystème bactérien, ou dysbiose, contribuerait à de nombreuses maladies, aussi bien inflammatoires (maladies intestinales inflammatoires chroniques, polyarthrite rhumatoïde…) que métaboliques (obésité, diabète…) ou neurologiques. Une équipe de l’université de Chicago, dirigée par le Dr Mashkoor Choudry, a examiné si le microbiote intestinal des grands brûlés est anormal. En effet, ces patients sont connus pour présenter une rupture de la barrière intestinale. Or, le microbiote intestinal joue un grand rôle dans le maintien de cette barrière.
Les selles de quatre patients gravement brûlés, recueillies 5 a 17 jours après la brûlure, ont été examinées; les microbiomes (génomes du microbiote) ont été comparés aux microbiomes d’un groupe témoin de 8 patients souffrant de brûlures mineures.
Enterobacteriaceae en surnombre.
Leurs résultats montrent qu’une brûlure sévère modifie considérablement la flore intestinale. Chez les grands brûlés, il existe notamment une sur-représentation des Enterobacteriaceae (32 % des bactéries intestinales, au lieu de 0,5 %), une famille comprenant des bactéries pathogènes comme E. coli et
Salmonella. Dans un modèle murin, la brûlure entraîne aussi une surabondance d’Enterobacteriaceae, laquelle est associée a une perméabilité intestinale accrue et la présence de ces bactéries hors de l’intestin (dans les ganglions lymphatiques mésentériques).Ce déséquilibre du microbiote pourrait donc contribuer aux septicémies et autres complications infectieuses qui sont responsables de 75 % des décès chez les grands brûlés.
La brûlure apparait ainsi déclencher un cycle vicieux : en réponse au traumatisme, le système immunitaire lance une réponse inflammatoire. Celle-ci provoque un déséquilibre dans le microbiome, ce qui stimule davantage la réponse inflammatoire et engendre un déséquilibre encore plus grand du microbiome.
« Notre étude repose sur un petit nombre de patients, aussi nous projetons d’étudier une plus grande population de brûlés pour confirmer nos observations », précise au « Quotidien » le Dr Choudry.
Si cette dysbiose se confirme, la grande question de l’équipe sera de savoir si l’administration de probiotiques peut normaliser la flore et réduire le risque de septicémie chez les brûlés.
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