DÉCOUVERT en Nouvelle-Guinée au début du XXe siècle, le kuru fait partie des maladies à prions. Il a été décrit dans la peuplade des Fores sur les hauteurs de l’est de la Papouasie-Nouvelle Guinée, a pu être relié à un rite funéraire anthropophage. Les membres de la famille consommaient le corps des défunts lors d’un rituel religieux, une pratique entraînant la transmission interhumaine du prion anormal (Pr-P). Les femmes et les enfants qui mangeaient le système nerveux central étaient surtout touchés, tandis que les hommes, consommant les muscles, étaient épargnés. Le pic annuel de mortalité était de 2 % dans certains villages, lesquels se retrouvaient parfois dépourvus de jeunes femmes. Cet endocannibalisme semble s’être arrêté au milieu des années 1950.
Après une période d’incubation variant entre 5 ans et plus de 50 ans, les sujets déclarent un syndrome cérébelleux avec trouble de l’équilibre et, parfois, une démence aboutissant au décès en quelques années.
Le kuru offre la principale démonstration de maladie épidémique à prion chez l’homme. Cette maladie a pris une nouvelle importance avec l’apparition dans les années 1990, en Angleterre puis d’autres pays, du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (nvMCJ) lié à la consommation de viande bovine atteinte de la maladie de la vache folle.
L’hétérozygotie au codon 129 est protectrice.
Ainsi, un polymorphisme commun (Met ou Val) au codon 129 de la protéine prion normale (PRNP) a été identifié comme un facteur de susceptibilité pour les maladies à prions humaines. L’hétérozygotie au codon 129 est protectrice contre la maladie de Creutzfeldt-Jakob (iatrogène et sporadique) et le kuru. Tous les cas de nvMCJ sont survenus à ce jour chez des homozygotes (129Met/Met). L’hétérozygotie conférerait une résistance àla maladie en inhibant les interactions protéines-protéines homologues.
L’équipe du Dr John Collinge (institut de neurologie de Londres, Royaume-Uni) rapporte les résultats d’une vaste étude portant sur plus de 3 000 personnes de Papouasie-Nouvelle-Guinée vivant dans la région exposée au kuru, dont 709 ont participé à des rites mortuaires cannibales et dont 152 sont décédés ensuite du kuru (10 échantillons sanguins récents, et 142 échantillons sanguins archives). Ils ont génotypé l’ADN aux codons 129 et 127 chez les patients et les témoins, puis ont évalué les données généalogiques et cliniques.
Les résultats confirment que les femmes âgées ayant survécu a l’épidémie de kuru sont principalement hétérozygotes au codon 129 de la protéine prion normale (129MV), le facteur de résistance précédemment identifié. Les homozygoties 129MM et 129VV sont associées au kuru.
Nouveau variant de PRNP au codon 127.
De plus, les chercheurs ont découvert un nouveau variant de PRNP au codon 127 (G127V) exclusivement chez les habitants de la région exposée au kuru ; dans la région ayant la plus forte incidence, l’allèle 127V est présent chez la moitié des femmes âgées survivantes, autrement susceptibles par leur homozygotie 129MM.
Bien que l’allèle 127V soit fréquent dans la région à forte incidence du kuru, il n’est trouvé ni chez les sujets atteints ni dans les populations du monde non exposées.
De plus, les analyses généalogiques mettent en évidence une plus faible fréquence de kuru dans les familles portant l’allèle protecteur 127V que dans les familles témoins des mêmes régions géographiques.
« Le polymorphisme 127V est un facteur de résistance acquis pour la maladie à prion, sélectionné durant l’épidémie du kuru, plutôt qu’une mutation pathogène qui aurait déclenché l’épidémie du kuru, concluent les chercheurs. Les variants aux codons 127 et 129 de la protéine prion normale (PRNP) démontrent la réponse génétique de la population vis-à-vis d’une épidémie de maladies à prions, et représentent un puissant épisode de sélection récente chez les hommes. »
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