La recherche se poursuit pour trouver un vaccin antigrippal universel, ou en tout cas « à protection élargie ». En attendant, il faut faire avec l’existant. « La problématique est triple : il y a un risque accru de grippe grave chez les personnes fragiles et les personnes âgées, l’efficacité vaccinale (EV) des vaccins inactivés est perfectible, même avec une quatrième souche, et cette EV est réduite par l’immunosénescence chez les plus âgés », explique le Dr Anne Mosnier, médecin généraliste et épidémiologiste, membre du réseau d’observation des maladies et épidémies (Open Rome) et membre du conseil scientifique du Groupe d’expertise et d’information sur la grippe (GEIG). D’où des tentatives pour renforcer les vaccins existants. « Ce n’est pas nouveau. J’ai connu des vieux généralistes qui, lorsqu’il leur restait des vaccins, n’hésitaient pas à injecter une deuxième dose du vaccin antigrippal à leurs patients les plus âgés. Donc l’idée de renforcer la dose n’est pas nouvelle, même si cela n’a jamais figuré dans les recommandations », note le Dr Mosnier.
Le concept a pris vie avec le développement du Fluzone High-Dose de Sanofi Pasteur. Ce vaccin trivalent inactivé a obtenu son autorisation de mise sur le marché (AMM) américaine en 2009 et vise précisément les personnes de plus de 65 ans. Il s’agit d’un vaccin à base de virions fragmentés, produit selon les mêmes process que les autres vaccins inactivés, dont la caractéristique est d’avoir une dose d’hémagglutinine multipliée par quatre pour chacune des souches, par rapport à un vaccin standard. Les études cliniques, qui ont permis à Sanofi Pasteur de décrocher le feu vert de l’Agence américaine du médicament (FDA), montrent une efficacité augmentée de 24,2 % pour le vaccin haute dose comparé au vaccin standard, et un risque d’hospitalisation plus faible. En revanche, le high dose provoque davantage d’effets secondaires légers à modérés (réactions locales, myalgies) sans sur-risque et sans augmentation du recours aux soins. Une étude a néanmoins répertorié trois incidents graves, dont une paralysie du nerf oculomoteur et un choc hypovolémique avec diarrhée.
De l’œuf à la cellule
Les bons résultats, à la fois lors des essais cliniques et en vie réelle, ont permis à ce vaccin de gagner le Canada (février 2016) et l’Australie (février 2018). Mais aucune demande d’AMM n’a été faite en Europe, selon le Dr Anne Mosnier, au grand dam des Anglais qui aimeraient fort l’utiliser. Il y a un an et demi, Sanofi Pasteur avait évoqué le dépôt d’une demande d’AMM auprès de l’Agence européenne du médicament (EMA) « dans les années à venir », donc sans grande précision sur une échéance.
Par ailleurs, le laboratoire ne s’est pas arrêté au Fluzone High-Dose. Depuis il a développé un vaccin antigrippal à quatre valences nommé Fluzone Quadrivalent, à dose standard et indiqué dès l’âge de 6 mois, autorisé aux États-Unis depuis 2013. Et il a racheté, à l’été 2017, la biotech américaine Protein Sciences pour 650 millions de dollars. Il a surtout racheté son vaccin, le Flublok Quadrivalent, avec un dosage d’hémagglutinine multiplié par 3, indiqué chez l’adulte de 18 à 64 ans et déjà commercialisé aux États-Unis. Flublok Quadrivalent a pour particularité de ne pas être fabriqué à partir d’œufs de poule fertilisés pour cultiver le virus, la méthode traditionnelle des vaccins contre la grippe. Il ne contient pas le virus de la grippe, mais seulement une protéine, l’hémagglutinine. Placée dans un virus qui infecte les cellules d’insecte, en l’occurrence de la chenille légionnaire d’automne, l’hémagglutinine est ainsi cultivée sur un substrat cellulaire. Non seulement le procédé de fabrication est plus rapide et présente un meilleur rendement que le traditionnel, mais ce vaccin peut être administré aux personnes allergiques aux œufs, à l’ovalbumine, aux protéines de poulet, ainsi qu’aux antibiotiques. Il ne contient ni gélatine, ni formaldéhyde, ni conservateur.
* D’après une présentation du Dr Anne Mosnier lors des 31es Rencontres sur la grippe et la prévention du GEIG.
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