Avec un simple test urinaire, il sera peut-être un jour possible de faciliter la surveillance de l’apparition d’un cancer de l’uretère ou de la vessie. Les chercheurs du centre international de recherche sur le cancer (CIRC), en association avec les urologues de la clinique protestante de Lyon et l’institut d’oncologie de Porto, viennent de passer une première étape de validation pour UroMuTERT, un examen basé sur la détection des mutations du promoteur du gène TERT dans l’ADN circulant.
Le test se concentre sur la détection de deux mutations : C228T et C250T, présentes dans 60 à 85 % des cas de cancer des voies urinaires supérieures. Le travail dirigé par la Dr Florence Le Calvez-Kelm a consisté en un premier travail prospectif sur 187 patients recrutés en France (93 atteints de cancer des voies urinaires et 94 contrôles). Les contrôles avaient été pris en charge pour une pathologie de l’urètre ou de la vessie autre qu’un cancer. La sensibilité du test est de 87,6 % et la spécificité de 94,7 %. Dans cette cohorte, 40,9 % des tumeurs étaient de bas grades et plus de 90 % étaient non invasives.
L'urine, une bonne source d'ADN circulant
Ces résultats ont été confirmés par un travail rétrospectif mené une autre cohorte composée de 50 patients portugais et 50 contrôles. La sensibilité était alors de 68 % et la spécificité de 98 %. « La différence de sensibilité s’explique notamment par le fait que nous n’avions accès qu’à des échantillons d’urine congelés » explique la Dr Le Calvez-Kelm.
Les résultats du test ont été comparés à ceux d’une cytologie urinaire, avec le constat d’une sensibilité supérieure d’UroMuTERT pour les tumeurs de bas grades non invasives : 86,1 % contre 23 %. Des tests techniques ont montré que le test parvenait à détecter un taux de mutation de 0,8 % pour C228T et un taux de 0,5 % pour C250T. Enfin, en combinant l’UroMuTERT et la cytologie urinaire, on obtient une sensibilité de 88,4 % et une spécificité de 97,4 %. « Nous avons également comparé les performances du test avec des ADN de plusieurs origines : plasma, culot et surnageant de centrifugation, précise la Dr Le Calvez-Kelm. Il en ressort que le surnageant constitue la meilleure source d’ADN. »
Un pas vers un diagnostic organisé ?
La Dr Le Calvez-Kelm voit plusieurs applications possibles à un tel test : « les cancers de la vessie et de l’uretère récidivent dans 60 à 70 % des cas, les mutations du promoteur TERT peuvent servir de marqueur de suivi, explique-t-elle. Pour les patients chez lesquels test est négatif, on pourrait étaler le suivi et réserver les examens plus invasifs aux patients positifs. »
Ce test pourrait aussi servir d’argument en faveur d’une stratégie de dépistage organisé, en association avec une cytologie pour les tumeurs non porteuses d’une mutation du promoteur de TERT. « Il faudrait identifier précisément les populations à haut risque, prévient la Dr Le Calvez-Kelm. C’est-à-dire les gros fumeurs, mais aussi les travailleurs dans certaines industries. » Les valeurs prédictives positives de ces biomarqueurs devront, quoi qu’il en soit, être validées dans de vastes cohortes. La Dr Le Calvez-Kelm et son équipe ont d’ores et déjà entamé un travail sur une cohorte prospective iranienne de 50 000 patients.
P. Hodonou Avogbe et al, EBioMedicine, https://doi.org/10.1016/j.ebiom.2019.05.004, 2019.
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