L'utilisation d'un test sanguin après la résection d'un cancer du côlon de stade II (soit environ un quart des cancers colorectaux lors du diagnostic) pourrait permettre d'identifier les patients les plus à risque de rechute, et les plus susceptibles de bénéficier d'une chimiothérapie adjuvante, selon des résultats publiés mercredi dans « Science Translational Medecine ».
L'évaluation du risque de rechute est un réel problème dans le domaine du cancer du côlon de stade II, dont 80 % sont pris en charge par la chirurgie seule. L'utilisation de biomarqueurs comme les antigènes carcinoembryonnaires couplés au CT scan dispose d'une sensibilité et d'une spécificité moyenne, en plus d'exposer le patient à des radiations. Récemment, de nombreux gènes ont été identifiés, dont la mutation peut servir de signature pour établir un pronostic du risque de rechute.
Au cours de leurs expérimentations, les chercheurs australiens dirigés par le Pr Peter Gibbs, de l'institut Walter et Eliza Hall de recherche médicale, ont analysé 1 046 échantillons de plasma collectés chez 230 patients, 4 à 10 semaines après leur opération.
De l’ADN tumoral chez 8,7 % des patients
Au cours de l'essai, les auteurs ont commencé par analyser les cellules de la tumeur après sa résection. Une mutation somatique - il en existe 20 différentes - était identifiée chez la quasi totalité des patients (99,6 %). C'est cette mutation qui a été recherchée dans le plasma des patients par la suite, et retrouvée chez seulement 8,7 % d'entre eux.
Chez 14 (7,9 %) des 178 patients n'ayant pas bénéficié d'une chimiothérapie adjuvante, a été détecté de l'ADN circulant. Et de même chez 11 des 14 patients (78,6 %) qui ont rechuté au cours des 27 mois de suivi médian. Une rechute n'était en revanche observée que chez 16 patients sans ADN tumoral circulant détectable, soit un taux de rechute de 9,8 %.
Chez les 52 patients bénéficiant d'une chimiothérapie adjuvante, la présence d'ADN tumoral circulant était associée à une survie sans rechute plus faible, puisque plus de 80 % des patients chez qui l'ADN tumoral n'a pas été détecté n'avaient pas rechuté au bout de 48 semaines contre aucun de ceux chez qui l'on a retrouvé de l'ADN tumoral.
Un indicateur très spécifique
« La détection d'ADN tumoral circulant dans le plasma des patients après une résection du cancer du côlon fournit une preuve directe de la présence de cellules cancéreuses résiduelles et permet d'identifier les patients les plus à risque de rechute », expliquent les auteurs qui ne jugent toutefois pas que ce test constitue un « indicateur parfait » pour autant.
« En une seule prise de sang, la sensibilité de ce test est de 48 %, poursuivent-ils, cependant, nos données montrent que la recherche d'ADN tumoral circulant permet de détecter des tumeurs bien plus petites que le CT scan, et avec une meilleure spécificité : 97 % des patients qui n'ont pas rechuté avaient un test négatif. »
L'étude montre aussi qu'un test positif à l'issu d'une chimiothérapie adjuvante est un facteur de risque important de rechute. Les auteurs concluent que l'utilisation en routine de ce genre de test ne pourra être envisagée qu'après une validation sur une cohorte plus importante.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques