LES TROUBLES DU SOMMEIL pourraient être un signe d’alerte sur le risque ultérieur de développer une maladie d’Alzheimer, selon une étude américaine chez des sujets asymptomatiques. Si les troubles du sommeil sont très fréquents une fois la maladie déclarée, le fait de moins bien dormir serait annonciateur d’Alzheimer à un stade précoce. L’association entre les deux serait à double sens : les plaques bêta amyloïdes perturbent le sommeil, et le manque de sommeil favorise la formation des plaques.
Pour le Pr David Holtzman, directeur du service de neurologie à la Washington’s University et auteur senior de l’étude : « Ce lien nous fournit un signe facile à détecter de la pathologie d’Alzheimer. Alors que nous commençons à traiter des sujets sur des marqueurs précoces d’Alzheimer, les modifications du sommeil pourraient servir d’indicateur de la réponse au traitement ».
Un actimètre au poignet.
L’équipe a déterminé si le dépôt de plaques bêta amyloïdes au stade préclinique était associé à un sommeil perturbé en qualité et en quantité. La quantité était évaluée sur le temps total de repos, la qualité par un enregistrement du sommeil pendant 14 jours à l’aide d’un actimètre. Cet appareil sous forme de montre portée au poignet non dominant est censé détecter les mouvements et mesurer le temps passé au lit. « La plupart des gens ne bougent pas pendant leur sommeil, et nous avons mis au point un moyen d’utiliser les données collectées pour déterminer l’état d’éveil ou de sommeil », explique le Pr Yo-El Ju, neurologue et premier auteur. Pour cela, ils ont suivi 145 sujets sains âgés entre 45 et 75 ans, dont plus de 50 % avaient un antécédent familial de maladie d’Alzheimer à début tardif.
Pour déterminer les sujets ayant une maladie d’Alzheimer préclinique, les scientifiques se sont servi des taux de la protéine bêta 42 amyloïde (AB42) dans le liquide céphalo-rachidien (LCR), cette protéine soluble étant séquestrée au cours de la maladie. Un taux abaissé dans le LCR est en effet un reflet précoce du dépôts de plaques, précédant d’au moins 15?ans la survenue des premiers symptômes mnésiques et cognitifs.
Davantage de sieste.
Les dépôts de plaques étaient présents chez 32?participants (22,5 %). Si aucune différence n’a été observée concernant le temps total de repos, ces sujets ayant la maladie préclinique présentaient un sommeil de moins bonne qualité (80,4 %) par rapport aux sujets sains (83,7 %). Ces sujets asymptomatiques avaient également tendance à faire davantage de siestes (≥ 3/semaine). « Quand on regarde spécifiquement les plus mauvais dormeurs, ceux dont le sommeil est efficace à moins de 75?%, ils étaient 5 fois plus à risque d’Alzheimer préclinique que les bons dormeurs », explique le Pr Ju. Avant de poursuivre : « est-ce le manque de sommeil qui entraîne l’Alzheimer, ou l’inverse, ou une combinaison des deux ? Ceci nous aidera à savoir si nous pouvons modifier l’évolution de la maladie et de quelle manière ».
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