« ÉLABORER un texte relatif au pharmacien référent définissant son statut, ses missions, sa formation et sa rémunération. » C’est l’une des 25 propositions formulées par Philippe Verger, directeur adjoint au CHU de Limoges, dans son rapport sur la politique du médicament en Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Missionné par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, et par la ministre déléguée aux personnes âgées, Michèle Delaunay, Philippe Verger a passé au crible l’usage des médicaments dans les EHPAD. Et son constat est inquiétant : les personnes âgées consomment beaucoup de médicaments, plus de 7 par jour en moyenne en EHPAD, et les mésusages sont monnaie courante. « Le taux d’événements iatrogènes est deux fois plus fréquent après 65 ans qu’avant 45 ans. 10 à 20 % des effets indésirables conduisent à une hospitalisation, dont 20 % pour les personnes âgées de plus de 80 ans. 30 à 60 % de ces effets sont prévisibles, donc évitables », indique le rapport. Pour y remédier, Philippe Verger détaille une série de propositions visant à améliorer l’usage des médicaments, sécuriser leur circuit de distribution, encourager les alternatives aux traitements médicamenteux et optimiser les systèmes d’information des EHPAD pour sécuriser les prescriptions et mieux coordonner les différents acteurs.
Concernant le volet de sécurisation du circuit du médicament, il préconise de redonner un rôle important au pharmacien référent, menacé depuis la fin de l’expérimentation de la réintégration du budget médicament dans le forfait de soin en EHPAD (voir « le Quotidien » du 31/10/2013). Lors de l’expérimentation, le pharmacien référent accomplissait un certain nombre de missions, comprenant par exemple la préparation des doses à administrer (voir encadré), la participation aux réunions de coordination, la rédaction de procédures et de la liste préférentielle de médicaments, mais aussi la mise en place de bonnes pratiques. « Le positionnement et la reconnaissance du pharmacien référent ont nécessité un temps important de sensibilisation, d’information, de communication pour gagner la confiance et obtenir l’adhésion des autres acteurs », note le rapport.
Coopération entre professionnels de santé.
Pendant la durée de cette expérimentation, les EHPAD disposaient d’un temps de pharmacien en échange de la dotation forfaitaire de 0,35 centime d’euro par jour et par résident, une enveloppe qui a disparu depuis. « La présence d’un pharmacien référent au sein de l’EHPAD n’est pas effective dans l’ensemble des établissements », puisque « la convention-type nationale "pharmacien d’officine-EHPAD" n’a pas été diffusée », regrette Philippe Verger. Il recommande donc la publication d’un arrêté sur cette convention-type et l’élaboration d’un texte spécifique sur le pharmacien référent en EHPAD. Il détaille treize missions que ce dernier pourrait assumer (voir encadré), en coopération avec les autres acteurs. « Au-delà du pharmacien référent, une meilleure coopération entre les professionnels de santé passe par une définition des rôles de chacun dans le circuit du médicament », estime-t-il.
L’association de pharmacie rurale (APR) se réjouit dans un communiqué « de la reconnaissance du pharmacien dans l’amélioration de la prise en charge de la personne âgée ». Elle regrette néanmoins que
« les propositions relatives à la PDA et à la convention-type entre les pharmaciens d’officine et les EHPAD n’aillent pas plus loin que la préconisation de l’élaboration de textes officiels ». Elle aurait notamment souhaité que la rémunération de la PDA soit abordée. De son côté, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) se déclare « satisfaite » des propositions du rapport, qui « renforcent le rôle du pharmacien d’officine en EHPAD et sont conformes à ses attentes ». « La coopération entre médecins et pharmaciens en EHPAD doit conduire à une coopération entre ces professionnels de santé de proximité au bénéfice des personnes âgées à domicile. Pour l’USPO, cette stratégie est indispensable pour améliorer la prise en charge médicamenteuse des personnes âgées en établissement et à domicile », conclut le syndicat.
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