LE RECOURS à l’acide hyaluronique s’est accru, depuis une dizaine d’années, pour contrer la douleur articulaire, après l’échec d’un traitement antalgique ou anti-inflammatoire. « Dans l’articulation pathologique, l’acide hyaluronique joue un rôle de viscosupplémentation, explique le Dr Patrick Le Goux, rhumatologue et praticien attaché à l’hôpital Ambroise Paré. Son action n’est pas seulement mécanique, mais aussi pharmacologique. » Il existe actuellement une quinzaine de références, sous statut de dispositif médical (sauf Hyalgan qui dispose d’une AMM).
Ce marché accueille aujourd’hui un nouveau venu : Euflexxa, développé par Ferring et commercialisé par le Laboratoire Grünenthal, spécialisé dans l’antalgie. Une étude clinique, menée auprès de 600 patients et publiée en 2009, montre que le produit réduit la douleur liée à la gonarthrose de moitié après 6 mois d’injections régulières. Son action est d’autant plus efficace que le traitement est administré de façon précoce. Déjà, une précédente étude clinique (2006), réunissant près de 300 patients, avait comparé l’action d’Euflexxa à celle d’un acide hyaluronique de référence (Synvisc). Les résultats faisaient apparaître une réduction accrue de l’intensité douloureuse, après injections régulières, au terme de 3 mois de traitement. La réduction de la douleur est évaluée à 62 % avec le produit de Grünenthal, contre 55 % en utilisant l’acide hyaluronique de référence. On constate, en parallèle, une moindre consommation de paracétamol associée. Sur le plan de la tolérance, le profil d’Euflexxa est comparable à celui d’une solution saline, rapporte l’étude de 2009. L’action du produit n’est pas systémique, ce qui limite ses effets secondaires. Un tiers des patients a néanmoins connu un événement indésirable (contre 40 % avec le produit de référence). Mais il s’agit, le plus souvent, d’arthralgies ou de gonflements de l’articulation en lien avec l’injection. Un épanchement intra-articulaire intervient dans moins de 1 % des cas (contre 8 % avec le produit de référence).
Haut poids moléculaire.
Au final, huit patients sur dix se disent satisfaits, voire très satisfaits, de leur traitement. La plus récente étude ne présente pas, cependant, de résultats au-delà de trois mois de traitement. En pratique, la durée d’administration de l’acide hyaluronique est généralement bien plus longue. Les atouts d’Euflexxa résident dans son haut poids moléculaire (de 3 millions de Daltons environ) et sa configuration en chaînes polymérisées linéaires, qui le rapprochent de l’acide hyaluronique d’origine physiologique. Des particularités qui le distinguent des autres produits du marché. Il est le seul à disposer d’une amélioration du service attendu (ASA, équivalent de l’ASMR pour les dispositifs médicaux) de niveau IV (mineure), alors que ses concurrents sont notés à V (insuffisant). Sa cible principale est le genou, mais l’injection peut également intervenir au niveau du coude ou de la hanche.
Les personnes âgées, les sportifs (de haut niveau ou pratiquant sur des surfaces dures) et les sujets obèses sont plus souvent concernés par la gonarthrose. Celle-ci est la plus répandue des pathologies articulaires, avec une prévalence de 2 % chez l’homme et de 5 % chez la femme. Entre 5 et 10 % des personnes concernées pourraient potentiellement bénéficier d’un traitement par l’acide hyaluronique. D’ores et déjà, le nombre de traitements délivrés chaque année est de 320 000, estime Hervé Ganry, directeur de la communication scientifique de Grünenthal. Son président, Michel Fontanille, annonce par ailleurs le lancement à venir du tapentadol, un antalgique à action centrale présenté comme une nouvelle alternative aux opioïdes et déjà présent sur le marché nord américain.
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