UNE ÉQUIPE FRANÇAISE coordonnée par le Dr Yehezkel Ben-Ari, directeur de recherche à l’INSERM, et l’Institut de neurobiologie de la Méditerranée viennent de montrer sur deux modèles expérimentaux d’autisme que les taux de chlore neuronaux sont élevés à la naissance et le restent après l’accouchement.
Cette découverte permet à la fois de comprendre le succès du traitement diurétique testé en 2012 chez des enfants autistes, et le rôle fondamental, de l’ocytocine. Les chercheurs montrent en effet que cette hormone de l’accouchement qui produit une baisse des taux de chlore intracellulaires à la naissance, module et contrôle l’expression du syndrome autistique chez les animaux. Ces travaux sont publiés dans « Science ».
Dans de nombreuses pathologies cérébrales, les taux de chlore sont anormalement élevés ce qui avait conduit l’équipe du Dr Éric Lemonnier (Brest) et le Dr Yehezkel Ben-Ari (INSERM) à tester l’administration d’un diurétique chez des patients autistes. L’expérience réalisée en 2012 fut un succès.
Le bumétanide anténatal.
Dans ce nouveau travail, les chercheurs ont enregistré pour la première fois l’activité des neurones embryonnaires et des neurones immédiatement après la naissance sur deux modèles expérimentaux d’autisme. Ce qui est impossible chez l’homme. Les enregistrements révèlent que les taux de chlore de ces modèles sont anormalement élevés, et le restent après la naissance. En conséquence, le GABA dépendant du taux de chlore continue d’exciter les cellules neuronales et les auteurs observent des activités électriques aberrantes. Dans ces deux modèles, la chute du taux de chlore qui s’observe à la naissance, est absente. Cependant, l’administration d’un traitement diurétique - le bumétanide à la mère peu avant l’accouchement et pendant 24 heures fait chuter le taux de chlore, permet de restaurer des activités cérébrales quasi normales, et de corriger le comportement autistique chez l’animal une fois devenu adulte.
Blocage de l’hormone.
Une action qui est normalement celle de l’ocytocine : l’hormone, dite hormone de l’accouchement, a de nombreuses actions bénéfiques sur le cerveau, en particulier, celle d’abaisser naturellement le taux de chlore intracellulaire pendant le travail. C’est en bloquant l’action de cette hormone que les chercheurs ont pu reproduire chez la progéniture la totalité du syndrome autistique.
« Ces données valident notre stratégie thérapeutique et suggèrent que l’ocytocine agissant sur les taux de chlore pendant la naissance module et contrôle l’expression du syndrome autistique », affirme Yehezkel Ben-Ari. « Nous avons débuté un essai européen ( Lyon, Nice, Marseille, Brest et San-Sebastien en Espagne) de phase 2B chez 80 enfants autistes âgés de 2 à 18 ans. Les enfants assignés au traitement reçoivent quotidiennement le diurétique, pendant 3 mois, et sont comparés à un groupe placebo », poursuit le Dr Yehezkel Ben-Ari. Les résultats sont attendus fin 2014.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques