MALADIE inflammatoire respiratoire chronique, l’asthme allergique touche 300 millions de personnes dans le monde ; le nombre d’individus asthmatiques a doublé ces dix dernières années ; plus de 250 000 personnes meurent chaque année prématurément à cause de l’asthme.
Dans la majorité des cas, l’asthme est provoqué par une réactivité anormale à des allergènes de l’environnement. Comme le rappelle un communiqué du CNRS et de l’INSERM, cette hypersensibilité se traduit par une inflammation importante au niveau des bronches et des bronchioles.
Une modalité de prise en charge de l’asthme allergique est basée sur la désensibilisation, c’est-à-dire l’immunothérapie spécifique : l’administration de doses croissantes d’allergènes vise à diminuer l’hypersensibilité et à réduire les symptômes lors d’une exposition ultérieure.
Des chercheurs nantais (Institut du thorax, CNRS/INSERM/université de Nantes) ont imaginé une technique de vaccination basée sur l’ADN de la substance allergisante. « Plutôt que d’administrer des extraits d’allergènes de manière répétée afin de diminuer la sensibilité, nous avons travaillé à partir de séquences d’ADN spécifiques (de l’allergène) responsables de l’allergie, explique Bruno Pitard, directeur de l’équipe Innovations en biothérapie de l’Institut du thorax. Quelques études ont montré le potentiel thérapeutique de cette stratégie, mais il fallait trouver des techniques s’assurant de la faisabilité chez l’homme. » En effet, le passage aux travaux chez l’homme impose que le traitement soit efficace à partir d’une faible dose d’ADN.
Un taxi moléculaire.
Les chercheurs nantais ont, dans un premier temps, cherché à prouver l’efficacité de cette vaccination à base d’ADN contre l’allergène spécifique Derf1. En Europe, Derf1 est en effet un allergène très commun, véhiculé par l’acarien Dermatophagoides farinae. Plus de la moitié des patients allergiques aux acariens produisent des anticorps de type IgE spécifiques contre cette substance.
En pratique, les chercheurs ont associé, d’une part, des séquences génétiques « d’intérêt » de l’allergène Derf1 et, d’autre part, un nanovecteur constitué d’un polymère synthétique. Transportée dans les cellules musculaires par ce « taxi moléculaire », la séquence d’ADN a entraîné la synthèse protéique de l’allergène, ce qui a permis de moduler la réponse allergique aux acariens chez des animaux asthmatiques.
Ce vaccin, qui avait été mis au point dans un modèle de souris saines, a ensuite été optimisé dans un modèle de souris asthmatiques. Chez ces dernières, il déclenche, d’une part, la fabrication d’anticorps spécifiques anti-Derf1 et, d’autre part, une réponse cellulaire spécifique de Derf1. Le système immunitaire est alors orienté vers une réponse non allergisante, protectrice quand l’allergène est rencontré. Après deux injections intramusculaires administrées à trois semaines d’intervalle, on a observé une réduction significative de l’hypersensibilité des voies aériennes et des niveaux de cytokines inflammatoires. À titre comparatif, chez les souris non vaccinées, on a observé la présence de ces cytokines inflammatoires dans les poumons.
« Ces nouveaux résultats valident tout le potentiel de ce nouveau nanovecteur pour la vaccination à ADN. » Celui-ci est en cours de développement préclinique réglementaire pour les
futurs essais cliniques chez l’homme. Rappelons que cette nouvelle classe de vecteur a aussi été utilisée pour traiter le carcinome hépatocellulaire.
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