AVANT DE METTRE en place un traitement antalgique, on procède à une évaluation complète de la situation, afin de s’assurer de l’existence de la douleur et de ses caractéristiques. Si le niveau cognitif de la personne ne permet pas une auto-évaluation, on peut utiliser une échelle d’hétéro-évaluation en faisant appel à des proches, ou on pratique un test antalgique. Il faut également repérer les critères de fragilité justifiant une vigilance accrue, comme l’âge supérieur à 80 ans, le nombre de comorbidités et de traitements concomitants, et, au besoin, faire un bilan biologique. Si la douleur chronique est mal prise en charge, elle peut avoir plusieurs retentissements, affectif et émotionnel, cognitif, comportemental, et altérer gravement la qualité de vie du sujet âgé (sommeil, appétit, dénutrition).
« La stratégie thérapeutique pose la question de l’utilisation ou non des opioïdes, et met en balance un soulagement suffisamment efficace de la douleur et la survenue d’événements indésirables secondaires (Eis) liés aux traitements, souligne le Dr Patrice Prat (CHU Nord-Marseille). Selon l’étude de validation d’Algoplus, il existe, pour cette raison, une réticence indiscutable des thérapeutes à prescrire des opioïdes chez les personnes âgées. La difficulté est de trouver un équilibre entre efficacité et tolérance. » Les résultats d’une étude clinique prospective conduite chez 83 patients douloureux âgés de 75 ans et plus, montrent qu’avec l’association fixe APT : paracétamol (325 mg)-tramadol (37,5 mg), ni la posologie, ni les critères prédictifs de fragilité retenus n’ont été des facteurs de risque de survenue d’Eis chez les sujets âgés. Seule une albuminémie› 35 g/l apparaît paradoxalement défavorable. Le ratio bénéfice-risque de l’APT a été positif et a permis de réduire l’intensité de la douleur initiale de près de 50 % chez les patients ayant terminé l’étude.
Une majorité de patients satisfaits.
« Le retrait progressif des antalgiques contenant du dextropropoxyphène va modifier la stratégie thérapeutique des médecins, d’où la justification d’une analyse intermédiaire débutée en mars 2009, avec l’autorisation d’analyser la population incluse fin juin 2009 (dépôt d’un amendement) », précise le Dr Ottmane Mejjad (clinique de l’Europe, Rouen). Cette étude porte sur plus de 2 600 patients, âgés de 73 ans en moyenne, souffrant en majorité de douleurs chroniques (63 %) et dont 75 % ont pris au moins un antalgique pour l’épisode traité. Le soulagement insuffisant obtenu est la cause la plus fréquente de l’initiation du traitement par l’APT Zaldiar (64 %). Un tiers des prescriptions de l’APT constitue la première prise en charge de l’épisode douloureux. La durée et la posologie moyennes ont été de 23 jours et de quatre comprimés par jour. Les résultats montrent que l’intensité de la douleur initiale a diminué de plus de 50 %, et le soulagement a été important pour 65 % des patients. 4,5 % des patients ont eu au moins un Eis, un résultat qui correspond au profil de tolérance attendu et déjà observé dans une population plus jeune (4,2 %), et 91 % ont été satisfaits ou complètement satisfaits (efficacité + tolérance) de l’association. Les raisons d’arrêt du traitement APT ont été la fin normale de la prescription (46 %) et la guérison (29 %).
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