DANS LE CADRE du plan national d’élimination de la rougeole, l’âge recommandé pour la première injection du vaccin rougeole-rubéole-oreillons (RRO) a été abaissé à 12 mois, avec une seconde dose à 13-24 mois. Pour les nourrissons entrant en collectivité ou qui doivent se rendre en zone de forte endémie, le schéma vaccinal doit être anticipé, avec une première dose dès l’âge de 9 mois et une seconde à l’âge de 12-15 mois. Ces recommandations, en vigueur depuis juillet 2005, sont destinées à améliorer la couverture vaccinale, jugée insuffisante, et à maintenir un niveau d’immunité élevé dans la population.
L’étude publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (n° 34, 15 septembre) a pour but de mesurer, deux ans après, l’adéquation entre l’âge d’administration et l’âge recommandée. L’analyse des données de 1 449 enfants ayant reçu au moins une dose de vaccin RRO, recrutés dans 13 services d’urgences pédiatriques et 272 pharmacies d’officine*, est plutôt encourageante. « Malgré des changements conséquents en quelques années des recommandations relatives à la vaccination RRO, une bonne réactivité des praticiens pour conformer leurs pratiques quotidiennes aux nouvelles recommandations est à souligner et se traduit par une nette amélioration de l’adéquation au cours du temps entre l’âge réel de vaccination et les recommandations », notent Vincent Gadjos et col.
Des épidémies sont à craindre.
Chez les enfants qui relevaient d’un schéma vaccinal classique, les âges moyens d’administration des premières et secondes doses étaient respectivement de 13,4 et 23,2 mois pour ceux qui ont été recrutés par les services d’urgences et de 14,1 et 25,6 mois pour ceux recrutés dans les pharmacies. Chez ceux qui étaient supposés avoir reçu une vaccination anticipée, dès l’âge de 9 mois, les âges d’administration sont sensiblement identiques : 12,9 et 23,2 mois pour les enfants recrutés aux urgences ; 13,6 et 25,4 pour les autres. « Tout se passe comme si l’entrée en collectivité n’était pas prise en compte pour déterminer l’âge d’administration du vaccin », déplorent les auteurs. Résultat : malgré l’évolution des pratiques, les nourrissons en collectivité sont insuffisamment vaccinés et, surtout, vaccinés trop tard. Une situation d’autant plus préoccupante que des épidémies récentes ont été signalées dans plusieurs pays européens dont la France où le virus de la rougeole circule encore dans la quasi-totalité des régions. Des épidémies dans les collectivités de nourrissons sont à craindre.
Un effort de communication et de sensibilisation des médecins doit donc être fait. Tous sont concernés. En effet, l’étude n’a pas mis en évidence de différence statistiquement significative du taux d’adéquation aux recommandations en fonction du mode d’exercice du médecin vaccinateur
(généralistes, pédiatres ou vaccination en PMI), sauf pour les enfants relevant du schéma classique recrutés par les pharmacies. Dans cette population, le taux d’adéquation était meilleur chez les enfants vaccinés par un pédiatre. Les enfants inclus par les urgences avaient le plus souvent été vaccinés par un pédiatre (39 % contre 27 % pour les généralistes ; dans 34 %, la vaccination avait été réalisée dans une PMI), alors que ceux qui avaient été inclus par les pharmacies, avaient été vaccinés le plus souvent par un pédiatre (59 % contre 37 % par un généraliste).
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