Une vaste étude de la Fédération hospitalière de France (FHF) pointe du doigt une surconsommation d'actes chirurgicaux et d'examens médicaux. Une dérive confirmée par les médecins eux-mêmes.
Ils le reconnaissent. Trop souvent et trop systématiquement, les médecins ont recours au bistouri et à des examens médicaux de manière injustifiée. Ils sont 88 % à confirmer cette absence de pertinence pour certains actes prescrits, dans un sondage Odoxa* pour la Fédération hospitalière de France (FHF), et ce de façon régulière pour 28 % d’entre eux. De manière générale, 34 % des médecins constatent cette dérive dans leur discipline. Ils n’étaient que 20 % à l’affirmer en 2012.
Côté patients, 35 % estiment avoir subi des interventions ou des examens médicaux injustifiés. Les médecins invoquent le principe de précaution pour expliquer cette surconsommation de soins. En effet, près des trois quarts considèrent être exposés à des risques de poursuites judiciaires et 68 % craignent d’être mis en cause au cours de leur carrière.
Sceptiques sur la pertinence du diagnostic qui leur est délivré, les Français seraient même favorables à 81 % à un second avis médical. 77 % d’entre eux pensent d’ailleurs que lutter contre ces actes médicaux injustifiés constituerait un moyen efficace de faire des économies au système de santé.
De fait, un atlas sur la variation des pratiques médicales et chirurgicales réalisé par HEVA pour la FHF révèle des écarts importants entre les régions, jetant la suspicion sur la pertinence de certains actes. La FHF qui n’hésite pas à confirmer « l’ampleur du recours aux actes inutiles », a analysé les données sur cinq actes : la césarienne, le pontage coronarien, la chirurgie du rachis, l’endoprothèse vasculaire et les interventions sur le cristallin.
Il apparaît ainsi que le taux de recours en chirurgie du rachis est de 177 à 192 interventions pour 100 000 habitants (chiffres 2016) alors qu’il se situe entre 102 et 128 en Ile-de-France. De même, la pose d’endoprothèse vasculaire (sans infarctus du myocarde) est pratiquée entre 272 et 353 fois pour 100 000 habitants dans le Grand-Est, alors qu’à l’autre extrémité de l’Hexagone, la Bretagne affiche un taux entre 160 et 214. Les mêmes disparités régionales touchent les pontages coronaires, les interventions sur le cristallin ou encore les recours à la césarienne. Si, en moyenne, 217 césariennes sont pratiquées en France pour 100 000 habitants, ce taux peut atteindre 259 dans les Hauts-de-France, en Ile-de-France et en PACA tandis qu’il chute entre 166 et 188 en Nouvelle-Aquitaine et en Bourgogne-Franche-Comté.
*Sondage réalisé sur un échantillon de 983 Français interrogés sur Internet les 15 et 16 novembre 2017 et sur un échantillon de 442 médecins, interrogés sur Internet du 18 au 26 septembre 2017.
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