LES RÉACTIONS anaphylactiques aux transfusions sanguines sont rares et leurs causes restent souvent inconnues. Cela dit, on a décrit des réactions allergiques cliniques par transfert passif d’IgE. En 2003, Erick a émis l’hypothèse qu’une réaction allergique lors d’une transfusion pouvait être provoquée par le transfert passif d’allergènes alimentaires. Une observation publiée dans « The New England Journal of Medicine » va dans ce sens.
L’histoire, rapportée par des Néerlandais, en collaboration avec un chercheur américain, est celle d’un enfant de 6 ans atteint d’une leucémie aiguë lymphoblastique qui présente une réaction allergique au cours de la transfusion d’un produit sanguin déleucocyté. Pendant cette transfusion, il présente un rash, un angio-œdème, une hypotension et des difficultés à respirer. Il est réanimé avec de l’adrénaline et, trente minutes plus tard, tout est rentré dans l’ordre. Sa tryptase des mastocytes, mesurée immédiatement après la réaction, est à 24 µg/l (normale ‹ 5), ce qui confirme le tableau clinique de réaction allergique de type?I. Les examens de laboratoire éliminent les possibilités de déficit en IgA, en C4 ou en haptoglobine, des allergies médicamenteuses ou au latex, la présence d’anticorps HLA et une lésion pulmonaire aiguë.
Des donneurs qui ont mangé des cacahuètes.
La mère du petit patient raconte que son fils a eu une réaction similaire après avoir mangé des cacahuètes à l’âge de 1 an. Depuis lors, les cacahuètes sont exclues de son alimentation. Le produit sanguin qu’il a reçu provenant de 5 dons poolés, on retrouve les cinq donneurs. Trois d’entre eux indiquent que, la veille au soir de leur don de sang, ils avaient mangé plusieurs poignées de cacahuètes.
L’allergène majeur des cacahuètes, Ara h2, est extrêmement résistant à la digestion. Les chercheurs néerlandais ont donc voulu savoir si les allergènes des cacahuètes ingérées par les donneurs auraient pu être administrés par la transfusion. Le peptide résistant à la digestion d’Ara h2 (DRP-Ara h2) peut être détecté dans le sang jusqu’à 24 heures après l’ingestion. Il est suffisamment gros pour se lier à l’IgE et provoquer une réaction allergique.
Chez le patient, le test ImmunoCAP (Phadia) a révélé un taux sérique d’IgE spécifiques à la cacahuète de 7,5 kU/l (normale ‹ 0,35). Les chercheurs ont également montré la présence d’IgE réactives à la fois à Ara h2 et à DRP-Ara h2.
« Ces résultats sont compatibles avec l’hypothèse selon laquelle la consommation de cacahuètes par les donneurs avant le don du sang a déclenché la réaction du patient à la transfusion. Il est possible que des allergènes transférés par des produits sanguins à d’autres patients aient provoqué des réactions inexpliquées. Ce cas souligne la nécessité d’évoquer des allergènes ingérés comme source de réactions chez les sujets sensibilisés », concluent les auteurs.
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