Toujours en baisse ! Le volume total des ventes d'antibiotiques en santé animale s’élève à 499 tonnes en 2017, soit une baisse de 5,9 % en un an. Soit une baisse de plus de 45 % par rapport à l’année 2011 (1 311 tonnes), année de référence avec la mise en place du plan EcoAntibio 1 (2012-2017). Ces 499 tonnes profitent surtout à la filière porcine (36 %), aux bovins (26 %) et aux volailles (19 %). Mais la répartition en poids vif traité montre que la répartition donne l’avantage aux bovins (40 %) devant les porcs (30 %). Bien qu’imparfait, le meilleur indicateur actuel est l’ALEA, ou Animal level of exposure antimicrobials, car il prend en compte les individus traités, le dosage et la durée du traitement. Après calcul de l’ALEA, il s’avère que les espèces les plus exposées aux antibiotiques sont les lapins, loin devant les chiens et chats, puis les porcs, la volaille, les chevaux, les ovins et caprins, les bovins arrivant en avant-dernière position devant les poissons. Néanmoins, en 2017, le niveau d’exposition des animaux aux antibiotiques baisse encore, de 3,6 % en un an, de plus de 34 % par rapport à 1999. Les variations sont importantes selon les espèces, et surtout, l’exposition aux antibiotiques augmente en 2017 chez les carnivores domestiques (+6,6 %) et les bovins (+1,2 %). Le bilan global reste très positif avec des baisses d’exposition depuis 2011 importantes dans toutes les espèces : -48,7 % chez les volailles, -44,3 % chez les lapins, -43,5 % chez les porcs, -23,3 % chez les bovins, -14 % chez les chats et chiens.
Antibiotiques critiques
L’exposition aux antibiotiques critiques s’améliore également. En 2017, l’exposition aux céphalosporines de 3e et 4e génération chute de 94,2 % par rapport à 2013, toutes espèces confondues. Une chute également de 87,8 % pour les fluoroquinolones sur la même période. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail (ANSES), le décret et l’arrêté ministériel de mars 2016 encadrant strictement la prescription et la délivrance des médicaments vétérinaires contenant un antibiotique critique a permis de renforcer ces résultats. Quant au niveau d’exposition à la colistine, il baisse de près de 48 % toutes espèces confondues entre 2014 et 2017, en particulier dans la filière porcine (-60 %). La diminution est de 61,1 % entre 2011 et 2017, toutes espèces et toutes voies d’administrations confondues.
Bien que les baisses se poursuivent depuis plusieurs années à tout niveau, l’ANSES s’attend à une stabilisation de l’exposition aux fluoroquinolones et aux céphalosporines de 3e et 4e générations. Elle voit déjà un effet seuil apparaître mais note que le report vers d’autres antibiotiques est limité. « Après le succès du 1er plan EcoAntibio, le nouveau plan 2017-2021 vise à maintenir dans la durée la tendance à la baisse de l’exposition des animaux en antibiotiques (…) Toutes les parties prenantes doivent poursuivre leur mobilisation pour atteindre l’objectif de réduction de l’exposition à la colistine de 50 % en 5 ans, d’ici à 2021 », commente Jean-Pierre Orand, directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) au sein de l’ANSES.
Baisse des résistances
L’amélioration des comportements de tous les acteurs en santé animale a pour conséquence une baisse de l’antibiorésistance chez l’animal. En 2017, le réseau RESAPATH a augmenté sa collecte d’antibiogrammes et constate que la proportion la plus élevée de résistance aux céphalosporines de 3e et 4e générations est de 6,2 % chez les chevaux et 5,8 % chez les chiens, suivis de 4,1 % chez les chats et 3,6 % chez les bovins. Cette proportion de résistance est un peu plus élevée pour les fluoroquinolones : 11,2 % chez les bovins 7,5 % chez les chiens, 5,7 % chez le poulet, 4,3 % chez les chevaux et les porcs. Globalement la tendance à la baisse se confirme, en particulier chez les chevaux et les chiens. Concernant les autres antibiotiques, l’ANSES souligne une forte baisse à la résistance à la tétracycline en filière avicole et porcine en dix ans. Les souches multirésistantes (au moins à trois antibiotiques) sont aussi en perte de vitesse, tout comme le fameux SARM (staphylocoque doré résistant à la méticilline) continue son recul chez les carnivores domestiques.
« Sur la période 2011-2017, la proportion de souches multirésistantes est en diminution significative dans toutes les espèces sauf chez les équidés pour lesquels on observe une augmentation sur les trois dernières années », précise Jean-Yves Madec, directeur scientifique en charge de l’antibiorésistance de l’ANSES. L’utilisation prudente et responsable des antibiotiques doit continuer, c’est l’effort demandé par le plan EcoAntibio 2. Pour Gilles Salvat, directeur de la santé et du bien-être animal de l’ANSES, « la baisse du recours aux antibiotiques passera nécessairement par l’amélioration continue de la maîtrise sanitaire des élevages, le développement d’alternatives aux antibiotiques, l’étude de l’impact économique des mesures préconisées et par la meilleure connaissance de la composante sociologique du recours aux antibiotiques ».
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