APRÈS avoir défrayé la chronique durant l’été, l’affaire du Furosémide Teva s’est finalement bien terminée pour le laboratoire, qui a été innocenté. Le comprimé de Zopiclone signalé dans un blister de Furosémide ne s’était pas retrouvé là du fait d’une erreur de conditionnement, mais à cause de l’étourderie d’une personne âgée qui avait l’habitude de déconditionner et de reconditionner ses médicaments. « Pour nous, cette crise a mis en évidence le problème des personnes âgées polymédiquées qui se retrouvent seules chez elles face à leur traitement et doivent éviter les mésusages et les erreurs de prise », explique Erick Roche, président de Teva Laboratoires France. Il juge a posteriori que le bilan de cet épisode a été plutôt positif pour le laboratoire. « La confiance des professionnels de santé envers notre laboratoire s’est maintenue, notre réaction face à la crise a été saluée et les équipes Teva se sont montrées solidaires et unies », détaille-t-il. Les points négatifs portent sur le coût du rappel des lots de Furosémide et de la vérification de 300 000 comprimés sous contrôle d’huissier. « Mais le laboratoire Teva était tout à fait en capacité d’absorber ces coûts », note Erick Roche, tout en se refusant à communiquer un chiffre.
Teva souhaite désormais tirer les leçons de cette crise, notamment en s’engageant pour améliorer l’observance chez les personnes âgées. En effet, 85 % des plus de 70 ans prennent au moins un médicament par jour et ils sont 43 % à en avaler 5 à 10 quotidiennement. Or, si 88 % des personnes pensent être observantes, une mesure plus précise de leur consommation montre que seulement 46 % le sont après douze mois de traitement pour l’hypertension, le diabète et le cholestérol. De plus, le fait de prendre 3 médicaments multiplie par 2,3 le risque de ne pas être observant. Les comportements peuvent être multiples : 13 % des personnes achètent le traitement et ne le commencent pas, tandis que 14 % ne l’achètent même pas. Parfois, les patients commencent le traitement mais ne le poursuivent pas correctement.
Outre ces comportements, les professionnels de santé sont confrontés au vieillissement des patients, qui peuvent avoir des problèmes d’audition ou de vision déclinante, facteurs de mauvaise compréhension du traitement, et donc de mauvais usage. Enfin, une communication inadéquate avec les professionnels de santé peut aussi être un facteur de non-adhésion au traitement.
Enquête en officine.
Afin d’élaborer des solutions, Teva a décidé de mettre en place un groupe de travail constitué de médecins, de pharmaciens, de psychologues, de chercheurs et d’un membre d’une association de personnes âgées. Ils devront identifier les études à mettre en place pour améliorer la compréhension de la problématique et apporter des idées concrètes et opérationnelles afin de faciliter le bon suivi des traitements.
En parallèle, Teva lancera une grande enquête auprès de 1 000 pharmaciens et de 30 000 patients, en janvier 2014, afin de mieux connaître les pratiques en matière d’observance. Des consultants envoyés par le laboratoire proposeront un questionnaire électronique aux patients et aux officinaux. Le laboratoire va également mettre en place un module de formation à l’observance dans son programme « suivi’santé » réservé aux équipes officinales. Enfin, Teva réfléchit à une adaptation des emballages de ses médicaments le plus souvent prescrits aux personnes âgées, afin de faciliter leur bon usage. « Nous pensons pouvoir mettre en place ces nouveaux packagings d’ici juin 2014 », annonce Erick Roche.
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