UN PLAN de santé publique sans antécédent. La France, comme de nombreux autres pays, s’est préparée à affronter l’épidémie de grippe due au virus A(H1N1). Une épidémie dont on craignait, dès le départ, qu’elle devienne une pandémie.
En avril, en effet, le Mexique est touché par une pathologie respiratoire d’origine virale, habituellement décelée dans les élevages de porc. Très vite, plusieurs centaines de décès sont imputées à ce nouveau virus. L’inquiétude monte d’un cran lorsque le Canada, les États-Unis et l’Europe sont touchés à leur tour. En France, les autorités sanitaires déclarent pouvoir faire face au virus, à l’origine de cette « grippe mexicaine », ou « grippe porcine », rebaptisée grippe A(H1N1). Que l’on se rassure ! La direction générale de la Santé indique qu’elle dispose de 33 millions de traitement antiviraux, essentiellement de l’oseltamivir (Tamiflu). Les stocks ont été constitués pour affronter les précédentes menaces épidémiques, avec l’émergence, il y a quelques années, de la grippe aviaire.
En mai, la menace se précise plus encore. Les statistiques ne cessent de montrer la progression de la pandémie. Des milliers de personnes sont touchés par le virus A(H1N1). L’Organisation mondiale de la santé relève le niveau d’alerte à 5, sur une échelle de 6. Les experts estiment que la grippe A pourrait toucher plus du tiers de la population française, provoquant près de 30 000 décès. C’est 5 fois plus que le nombre de morts consécutives à la grippe saisonnière. En cas de doute sur leur état, les patients doivent contacter le SAMU. Des consultations spécialisées sont organisées dans les hôpitaux, avec remise de masques et de traitements antiviraux. Pharmaciens et médecins libéraux ne sont pas directement intégrés au plan d’urgence. Du côté des laboratoires, la course aux vaccins s’intensifie. Les premiers doivent être mis au point pour l’été.
En juillet, le dispositif sanitaire évolue. Les patients sont invités à se rendre directement chez leur médecin traitant en cas de symptômes évocateurs. Les officines reçoivent quant à elles une dotation d’antiviraux, pour répondre aux éventuelles prescriptions. Les pharmaciens sont chargés de délivrer gratuitement des masques aux personnes munies d’une ordonnance.
Fin août, on compte deux décès liés au virus A(H1N1). Une dizaine de cas graves ont été recensés. Les statistiques estiment que 20 millions de personnes pourraient être touchées d’ici à fin 2009. À l’heure de la rentrée des classes, les consignes sont claires. Les élèves sont dispensés de venir en cours si trois de leurs camarades tombent malades. Les fermetures de classes se multiplient. Hôpitaux, transports et services publics font l’objet de mesures ciblées, dans le but de maintenir au mieux l’activité du pays. Un ordre de priorité est fixé pour la vaccination, qui n’est pas obligatoire. Les officinaux ne sont pas parmi les tout premiers concernés, en dépit de leurs contacts réguliers avec la population. Celle-ci a pris la mesure du risque pandémique, sans développer de psychose. Un sondage de TNS SOFRES montre que les deux tiers des Français ne sont pas inquiets face à l’éventualité d’une pandémie. Près de 8 sur 10 estiment que le pays est bien préparé pour affronter la grippe A. Pourtant, cela n’empêche pas la polémique d’enfler sur l’innocuité du vaccin. Les adjuvants employés ne seraint pas ceux du vaccin anti grippe saisonnière. On les soupçonne d’exposer au syndrome de Guillain-Barré.
Pour inciter à la vaccination, les autorités sanitaires le répètent : la grippe est bien plus dangereuse que le vaccin. Pour les jeunes enfants, les femmes enceintes et les immunodéprimés, les données disponibles sont insuffisantes. Ils doivent recevoir un vaccin sans adjuvant.
La campagne de vaccination est lancée dès la mi-octobre, alors que débute la première vague épidémique. Près de 100 millions de doses ont été commandées par l’État auprès de plusieurs laboratoires (sanofi-Pasteur, Novartis, GlaxoSmithKline, Baxter). Les autorisations de mise sur le marché sont accordées mais on ne sait pas encore si un rappel doit être réalisé.
En novembre, puis en décembre, après des débuts hésitants, la vaccination massive de la population se poursuit, dans un certain désordre, dans des centres de soins ou des gymnases, avec de larges plages horaires. À la mi-décembre, on compte près de 3 millions de personnes vaccinées. Dans le même temps, plus de 200 décès, surtout des personnes âgées entre 25 et 49 ans, ont été comptabilisés.
Pour optimiser le dispositif, les officinaux sont plus encore impliqués, vers la mi-décembre, avec la mise à disposition d’antiviraux, assortie d’une indemnité de délivrance. Cette fois, les réserves sont puisées sur les stocks de l’État.
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Françoise Amouroux
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