Une part importante de la population suit des régimes. Une enquête menée dans le cadre de l’étude Nutrinet (1) sur 18 200 sujets avait montré que les femmes (86 %) sont bien plus nombreuses que les hommes à faire des régimes. Parmi elles, un tiers avait suivi une méthode commerciale, un autre tiers une méthode globale avec rééquilibration et conseils diététiques, environ un quart des restrictions personnelles spontanées et 10 % un coaching, pas toujours d’ordre médical.
Parmi les femmes ayant suivi un régime, 30 % avait un indice de masse corporelle (IMC) normal et 15 % un IMC < 22 kg/m2. Il s’agit le plus souvent non pas d’un mais de plusieurs régimes, l’espoir déçu entraînant un autre régime dont le type varie avec les phénomènes de mode.
En 2010, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) (2) a passé au crible une quinzaine de régimes amaigrissants et a souligné les risques sanitaires qui leur sont liés.
Les principaux risques de carences
En pratique, tout régime est déséquilibré : la réduction des calories s’accompagne logiquement d’une diminution parallèle de l’apport en micronutriments, ce qui expose à un risque de déficiences, de nature variable selon le type de régime adopté, mais avec toutefois quelques constantes :
– tout d’abord, un déficit d’apport en fibres, source de constipation et d’inconfort digestif : la suppression des aliments denses n’étant paradoxalement pas compensée par une plus grande consommation de fruits et légumes ;
– des apports calciques insuffisants : les produits laitiers, considérés comme gras et superflus, étant souvent sanctionnés. Or, cela n’est pas sans conséquence puisqu’une perte de 10 % du poids corporel s’accompagne d’une baisse de 2 % de densité minérale osseuse ;
– un déficit en fer, souvent en dessous des apports nutritionnels conseillés, en magnésium et en folates, avec de potentiels effets néfastes chez les femmes en période préconceptionnelle ;
– des apports en vitamine C fréquemment trop faibles, tout comme ceux en vitamine D, avec un impact toutefois limité du fait du rôle prépondérant de la photosynthèse.
À l’opposé, ces régimes sont parfois riches en sel, avec des apports > 10 g/jour pour ceux (protéino-lipidiques et hypoglucidiques) autorisant les aliments salés par nature.
Ces carences ne posent problème qu’après plusieurs mois de régime, mais leur répétition est délétère, avec en outre un impact cardio-vasculaire négatif de l’effet Yo-Yo. Et, à l’extrême, les régimes très hypocaloriques peuvent être responsables de mort subite par troubles du rythme, secondaires à une carence en potassium et en magnésium. C’est dire qu’un régime est un traitement à part entière qui relève d’une prescription raisonnée pour ne pas induire de carences ou de troubles du comportement alimentaire.
Ne pas oublier l’activité physique
En pratique, pour éviter les déficiences micronutritionnelles, il faut favoriser les aliments à faible densité énergétique (teneur en calories/100 g ou 100 mL) et riches en micronutriments et vitamines. Cela passe par une diète plus riche en fruits, légumes et céréales, sans tomber toutefois dans le végétarisme ni le végétalisme. Et, pour couvrir les besoins, il faut augmenter les portions des aliments pauvres en énergie.
Parallèlement, il importe de pratiquer une activité physique régulière car tout régime qui marche est associé à une perte de masse musculaire et osseuse, imparfaitement compensée par un régime hyperprotidique.
Dr Isabelle Hoppenot
D’après un entretien avec le Pr Jean-Louis Schlienger, médecin nutritionniste, Strasbourg
Références
1. https://www.etude-nutrinet-sante.fr/fr/common/login.aspx
2. https://www.anses.fr/fr/content/r%C3%A9gimes-amaigrissants
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